L’actrice star du Silence des Agneaux (1991), reconnue désormais pour son travail de réalisatrice, présente Hors Compétition son troisième long-métrage, le premier à Cannes. Elle partage l’affiche de The Beaver avec Mel Gibson, qui n’avait pas concouru en sélection officielle depuis 1984.
C’est en compagnie de Robert De Niro, pour Taxi Driver (1976, Palme d’or), que Jodie Foster fit sa dernière apparition à Cannes en sélection officielle. Trente-six ans plus tard, ce n’est pas comme qu’actrice, mais comme réalisatrice que l’Américaine signe son retour. Hasard du calendrier, The Beaver est projeté l’année même où celui qui fut son mentor à ses débuts devient Président du Jury des Longs-Métrages.
The Beaver signe également les retrouvailles à l’écran de l’actrice avec son ami Mel Gibson, à qui elle a déjà donné la réplique dans Maverick (1994), de Richard Donner. Le comédien y interprète Walter Black, un père de famille déprimé et incapable de communiquer avec ses proches. Mis à la porte par sa femme (Jodie Foster), le quadragénaire décide de reprendre le contrôle de sa vie. Il y parvient à l’aide d’une marionnette de castor à travers laquelle il ose enfin livrer ses sentiments.
Pour son troisième film, Jodie Foster se replonge dans les relations familiales, un thème qu’elle avait abordé dans Le Petit Homme (1991) et Week-end en Famille (1996), ses deux autres longs-métrages. Visuellement, la réalisatrice a opté pour un style "réaliste et naturaliste, sans effet de manche", afin de contrebalancer la tonalité parfois "sombre et tragique" du scénario. "Je crois que les gens ont tendance à se créer une sorte d’alter-ego, analyse Steve Golin, le producteur de The Beaver. Le film n’est qu’une exacerbation de ce phénomène".
..........................................................................................................
Jodie Foster - Photocall - The Beaver © AFP
Pour Madame Figaro, Jodie Foster défend son 3éme film, dont Mel Gibson est l'acteur
En choisissant son ami Mel Gibson pour héros du Complexe du castor, son troisième film, l’ex-enfant star assume des choix audacieux. Un thème difficile, la dépression, et un acteur condamné pour ses dérives personnelles. Confidences d’une passionnée.
Anti-diva absolue, elle arrive seule au volant de son monospace familial, qui a oublié de passer au lavage. Dans ce petit hôtel discret de la chaîne Luxe, à l’écart de Beverly Hills et de ses palaces opulents, taillés sur mesure pour les interviews de stars, l’héroïne du Silence des Agneaux est accueillie comme chez elle. En jean délavé, pull à col V chiné gris et écharpe en coton rayé, à peine maquillée, Jodie Foster assume son allure juvénile de quadra décontractée. Son regard bleu glacier, d’une intelligence proverbiale, hypnotise dès qu’elle retire ses Ray-Ban Aviator.
Sa dernière réalisation, le Complexe du castor , sélectionnée au Festival de Cannes, est un drame dans lequel Mel Gibson incarne un quinquagénaire suicidaire, qui adopte une marionnette de rongeur pour soigner son mal. Elle s’y est réservé le rôle de l’épouse du héros. Débit assuré, mots choisis, Jodie défend son film atypique et la réputation de « l’un de ses amis les plus fidèles », Mel Gibson, ternie par ses dérapages violents. Jodie Foster ou la loyauté chevillée au cœur.
"Mel est un ami fidèle"
Madame Figaro. Dans le Complexe du castor, Mel Gibson traite sa dépression en faisant parler une marionnette qu’il emporte partout avec lui. Comment avez-vous appréhendé ce sujet si particulier ?
Jodie Foster. Je pense que nous sommes tous susceptibles de basculer dans la folie. La difficulté pour moi résidait dans le ton de cette parabole, entre gravité et humour noir. Comment éviter le sentimentalisme tout en rendant le concept réaliste ? Chef d’entreprise, mari, père de deux enfants, Walter est à l’heure du bilan où l’on se dit : est-ce tout ce à quoi j’ai droit ? Tout est déjà programmé jusqu’à la fin ? Bipolaire, il se sent emprisonné, avec pour seule issue notre peine de mort commune. J’ai connu ces interrogations. Par où commencer pour retrouver goût à la vie ? Que changer ? Dans son cas, le castor est un remède inattendu, mais un adjuvant efficace aux médicaments et au désir de se reconnecter aux siens, essentiel à la guérison.
Vous aurez 50 ans en 2012. Qu’avez-vous retenu de votre quarantaine et comment envisagez-vous l’avenir ?
Mes 40 ans ont été un soulagement. Je sais qui je suis, je suis libre. Après avoir connu l’âge d’or du cinéma d’auteurs américain dans les années 70 et près d’un demi-siècle de carrière, je n’ai plus rien à prouver à personne, et surtout pas à moi-même ! Je ne serai jamais une pop star ni une championne olympique. Je n’ai jamais eu un physique de mannequin ou de femme fatale, je ne crains pas que les rôles s’envolent avec l’âge. Et je n’ai plus à briguer les couvertures de magazines. J’espère me consacrer à ma passion pour la réalisation durant ces dix prochaines années. Et je rêve d’incarner des personnages de 60 et 80 ans à la Simone Signoret. Montrer un visage qui a vécu.
L'article complet ICI
news
Jodie Foster :
"Avec un autre acteur que Mel, je serais allée dans une autre direction"
Jodie Foster © AFPLa réalisatrice de The Beaver, présenté Hors Compétition, était en conférence de presse avec son scénariste Kyle Killen. Morceaux choisis.
Jodie Foster s'est exprimée sur son double rôle de réalisatrice et d'actrice :
"C'est une très mauvaise idée de réaliser un film et d'y jouer en même temps. L'aspect positif, c'est que l'on connaît parfaitement les personnages et que l'on sait où doit aller le film. En revanche, il n'y a aucune surprise !"
La réalisatrice a salué la performance de Mel Gibson :
"Je savais que Mel serait très à l'aise pour jouer à mes côtés. Je pense qu'avec un autre acteur que lui, je serais allée dans une autre direction. Mel a très bien compris le personnage de Walter. Il a accepté de s'exposer face à quelque chose qu'il connait bien : la lutte. Nous en avons beaucoup parlé pendant le tournage. Pour Mel, tourner ce film a été très important. Je sais qu'il en est très fier".
La cinéaste a expliqué son penchant pour la psychologie :
"Nous autres acteurs adorons la psychologie. C'est pour cela que nous faisons ce métier. Et la psychologie, c'est la famille. (...) Je fais des films sur les crises intérieures. C'est à cela que doit faire face Walter. Faire des films, c'est ma façon de faire face à ma propre crise intérieure. C'est un processus de guérison pour faire avancer ma vie".
Jodie Foster propos du thème du film :
"Walter a le choix entre se condamner à mort, en se suicidant, et se condamner à vivre. Sa maladie est un phénomène réel qui se base sur une rupture psychologique provenant d'une dépression profonde. S'il y avait un message à retenir, c'est que l'on ne doit pas se retouver seul dans la vie. Dans le cas contraire, c'est un choix".
Propos recueillis par B.P. web officiel du festival