Mais un certain nombre d'élus au Congrès a estimé que l'Amérique n'en avait pas pour son argent, surtout si les soupçons de connivence entre les milieux militaires pakistanais et Al-Qaida se trouvaient fondés. Ils ont donc demandé à ce que cette somme soit supprimée.
Force est de constater, pourtant, que Washington a besoin d'Islamabad. La lutte contre les Talibans afghans dans la province du Baloutchistan (le Mollah Omar s'y cacherait avec ses partisans), ou du Nord-Waziristan, demande la participation des autorités pakistanaises. Des autorités qui lorgnent d'ailleurs de plus en plus sur la Chine, superpuissance capable, à leur yeux, de supplanter les Etats-Unis comme partenaire privilégié. Pékin ne s'y est pas trompé et multiplie les appels du pied : coopération dans le nucléaire, construction d'infrastructures portuaires, etc.
Or Washington, par sa subvention, pouvait garder un oeil sur le programme nucléaire pakistanais, assez opaque et sensible, en raison de la rivalité avec l'Inde mais aussi à cause du risque islamiste dans le pays. Le sénateur démocrate John Kerry appelle ainsi ses collègues à la raison : "Nous sommes à un moment où nous devons résoudre des questions très importantes. Ce n'est le moment pour rien d'autre qu'une discussion lucide et sérieuse, avec la conscience qu'il y a beaucoup en jeu" tempère-t-il devant la presse. (photo : Juan Blazquez, CC)