Lundi, les enquêteurs français ont franchi une étape majeure pour lever le mystère sur la catastrophe du vol AF447 d'Air France, qui s'était abîmé en mer entre Rio et Paris, en annonçant avoir réussi à récolter toutes les données renfermées par les boîtes noires, repêchées début mai. Jusqu'ici, les enquêteurs ont déterminé que le dysfonctionnement (givrage à haute altitude) des sondes de vitesse de l'appareil, dites sondes Pitot, du fabricant Thales, était une des défaillances établies de la catastrophe. Mais ils estiment que leur dysfonctionnement ne peut expliquer à lui seul l'accident.
Une certitude en tout cas, ou du moins une quasi-certitude : "toute la lumière va pouvoir être faite sur cet accident", affirme le Bureau d'enquêtes et d'analyses (ou BEA), chargé de l'enquête technique sur les causes de cet accident. Les enquêteurs en sont sûrs : étant désormais en possession de la totalité des données des boîtes noires, ils finiront par reconstituer le scénario du crash. Et en comprendront ainsi les causes.
Pour autant, les premières analyses permettent-elles d'écarter déjà des responsabilités ? Le Figaro l'affirme. Il avance dans son édition de mardi que les premiers éléments provenant des boîtes noires de l'appareil "orientent les enquêteurs vers une erreur de l'équipage d'Air France". Une conclusion qui fait bondir au sein du BEA, qui tente justement de "faire parler" ces enregistrements si difficilement obtenus, et qui insiste sur le fait que l'analyse des données sera un travail de longue haleine. "Sacrifier au sensationnalisme en publiant des informations non validées alors que l'exploitation des données des enregistreurs de vol ne fait que commencer est une atteinte au respect des passagers et des membres d'équipage décédés", déclare le BEA dans un communiqué. Et pour couper court aux fuites, les enquêteurs ajoutent : "Toute information sur l'enquête provenant d'une autre source est nulle et non avenue si elle n'a pas été validée par le BEA. Les enquêteurs vont maintenant devoir analyser et valider de multiples informations. Il s'agit d'un travail long et minutieux et le BEA a déjà annoncé qu'il ne publiera pas de rapport intérimaire avant l'été". Le BEA conclut en insistant sur le fait "qu'à ce stade de l'enquête aucune conclusion ne peut être tirée".
Un élément qui semblerait jouer en faveur d'Airbus est le fait que l'avionneur, après "les analyses préliminaires" de l'une des deux boîtes noires du vol AF447, a estimé ne pas avoir "de recommandation immédiate" à faire aux compagnies équipées de modèles d'avions similaires à celui qui s'est écrasé dans l'Atlantique - l'A330. Ces "analyses préliminaires" concernaient le "Flight Data Recorder", à savoir l'enregistrement de tous les paramètres de vol (vitesse, altitude, trajectoire, etc). L'autre boîte noire appelée CVR (Cockpit Voice Recorder) contenant, elle, les conversations des pilotes, les sons et annonces dans la cabine de pilotage. Cette note "a été approuvée par le BEA", précise le groupe aéronautique.