Sur Michael, on ne sait que peu de choses, et pourtant le décor est planté très vite ; proche collaborateur de Michael Haneke, Markus Schleinzer présente ici son premier film, drame moderne autour de la séquestration d’un enfant, et prochain clash d’un festival habitué (Irréversible…). Tout ça prometteur pour nous assurer de vives émotions… Que nenni, on en ressort certes contentés, mais en se disant qu’avant d’être forcément choquant, Michael est un vrai film d’auteur, loin de toutes extravagances.
Michael, c’est un jeune homme bien sous tous rapports, quoiqu’un peu seul. Travaillant dans l’assurance, il remplit ses fonctions et se voit récompenser par une promotion (qu’il fête gentiment au bureau). Ses quelques connaissances lui assurent des vacances au ski et quelques dîners avec sa sœur aimante l’égayent quelque peu. Non, la vraie passion de Michael (aucun rapport avec le chanteur disparu) se situe au niveau de sa cave. Ou ailleurs, mais en tous cas nous voici devant un monstre moderne, un homme froid et calculateur, gardant captif dans sa maison un jeune garçon, enlevé malgré sa volonté pour partager les jours (et les nuits) d’un adulte. Similaire aux faits divers récemment découverts dans cette partie de l’Europe, Michael traite d’un sujet hautement difficile et délicat, sans jamais tomber dans le pathos de quartier, se concentrant avec sobriété sur l’idée de cette cohabitation malsaine et forcée, la voyant au quotidien dans ses actes les plus simples et les plus atroces.
Plan par plan, sans aucun mouvement (des cadres fixes à répétition, hormis un ou deux travellings dont on devine rapidement la présence, l’utilité, par avance), Michael distille avec austérité son atmosphère ambigüe (évidemment), tout en évitant les scènes plus malsaines. Une manière de se concentrer sur le surréalisme de la situation, autour du psychopathe à l’allure de gendre idéal. Car le film ne se penche que peu sur la victime, très vite dessinée, pour se tourner vers l’homme, tantôt tragique, tantôt pathétique, toujours inquiétant. Au final, rien de bien choquant en soi, dans un traitement sur le fil d’un sujet délicat. Michael choisit la voie d’une esthétique sobre mais efficace pour laisser le spectateur s’acclimater au reste. Sans volonté de vouloir choquer le spectateur, et malgré un final un peu trop évident (mais toujours dans la même veine), Michael se positionne dans la lignée des films d’Haneke, sans réellement arriver à hauteur du maître. On attend désormais de voir si Schleinzer pourra transformer l’essai et signer d’autres films aussi travaillées.