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mélancolie

Par Montaigne0860

Les secondes et les pas au lieu de dilater son moi donnaient l’impression d’un jour sans vent où les nuages fixes, du haut des bleus, narguent le petit terrestre.

Il se voyait statue de granit que plus rien ne touche, stupeur coincée dans ce paradoxe qui veut à la fois le cœur battant et l’immobilité, lorsque l’encre est presque antipathique de précision.

On était en mai ce qui aggravait son silence intérieur: tout croît et chante, lui se voyait déclinant et muet, novembre au crâne, souriant pourtant, ange accroché au porche pluvieux d’un parvis cadenassé.

Il approuvait sans réserve cet état d’oubli, soliloquant sur la vérité d’acier qui, en plein soleil, pleut l’évidence modeste du presque rien, le rien enrobant de sa peau de plomb le peu du peu de ses rêveries à peine levées, déjà étouffées.

Entre les visages, les rues, les frissons de voix et le fond sensible qui lui servait d’accueil, un vernis incolore s’était posé au monde, plastique gris à travers lequel le temps même, semble-t-il, ne laissait plus se dessiner aucun contour.

Il éprouvait l’absence à soi en trébuchant sur les pavés, étonné que des pousses soient parvenues à s’imposer parmi les pierres puis songeait tout à coup que cette plante entre deux blocs était un texte né.


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