C’est entendu pour certains : DSK est coupable, forcément coupable, la victime forcément victime. Le gentil univers sarkoziste et de la sanctification victimaire, celui de la dénonciation et des têtes qu’on offre à la foule ! Les jeux du cirque, encore et encore !
Avancer l’idée qu’une femme de chambre puisse repérer le bon pigeon pour le plumer serait tellement odieux que je ne m’y risquerai pas : la victime doit rester victime –sociale, sexuelle, économique – et le bourreau doit rester un bourreau. Point. Sinon, où allons-nous ? Même si, bien sûr, la femme de chambre puisse être REELLEMENT victime et le coupable REELLEMENT coupable…
Mais c’est de symbolique qu’il s’agira ici.
Donc d’un côté la reine des fées, de l’autre l’ogre puisque c’est ainsi qu’il faut penser le monde si l’on ne veut pas devenir « coupable ». Restons-en donc à ces quelques « raccourcis » sans se prendre la tête à se demander ce qui est vraiment « coupé » et ce qu’il advient alors de la chose : Une « chose mentale », une icône, du religieux comme le dit la peinture depuis Vinci…
Quand le symbolique se met à gouverner en lieu et place du réel, la machine à rétrécir est érigée en gouvernement, le terrorisme s’installe comme machine à penser.
Le coupable existe. Mais dans le réel. Jamais à partir de projections symboliques dont on extrait alors une figure sacrificielle autour de laquelle on exercera le pouvoir : Celui de la règle et de la terreur.
Or le spectacle établit cette distance qui fait que le réel se dissout dans le filtre des médias si bien que l’être n’a d’autre alternative que de devenir héros ou bouc émissaire, c'est-à-dire de se désincarner dans un monde où la simplification devient la loi. Univers des bisounours, diront certains. Des bisournous, oui, mais gouvernés par d’inquiétants führers déguisés en ayatollahs… Monde réduit à un symbole, une croix gammée ou n’importe quel autre attirail, n’importe quel logo qui fleurit pour n’importe quelle cause, n’importe quel produit marchand. Désincarnation, perte du corps qui, en corolaire, établit le règne de l’obscénité et de la pornographie.
Le spectacle de DSK est devenu celui de la pornographie médiatique.
Et les hystériques de tous poils se dressent dans leur haine ordinaire, les militants montrent leurs dents…
La vie n’est pas un roman pas plus que la fièvre n’est un thermomètre. Les adeptes du raccourci et de l’univers symbolique du conte qu’ils retrouvent enfin les rivages de la réalité comme lorsque Ulysse retrouve Pénélope… Une leçon de sagesse.