Maintenant qu'il n'est plus premier ministre, mais plutôt un "sage actif", je trouve Jean-Pierre Raffarrin assez... comment dire ? Drôle? Pas tout à fait. Amusant, quand même, dans sa façon d'être critique, voire méchant, tout en gardant sa posture de type sympa qui ne cherche absolumment pas à profiter des malheurs électoraux prévus pour Sarkozy.
L'art d'être Raffarin consiste à dire des choses positives tout en distribuant des coups. Ainsi, dans l'entretien de ce matin (Libé), il peut avoir l'air sage :
Quatre maisons pour une famille, c'est beaucoup. L'idée selon laquelle le Modem serait condamné à être aspiré par le PS et le Nouveau Centre par l'UMP est fausse. Il faut un pôle du centre dans la vie politique française.
Mais si on le cherche sur Bayrou, il devient tout de suite beaucoup plus actif:
En attendant, le centre de François Bayrou espère prospérer sur la désillusion des électeurs de Nicolas Sarkozy...
Notre désaccord avec Bayrou est là. Il revient à la logique d'un centre réceptacle qui affiche le moins d'idées possible pour accueillir le plus de mécontents possible.
Mais c'est à propos du Très Grand Homme (TGH) qu'il est le plus efficace.
L'impopularité du président de la République vous inquiète ?
Non. L'homme et la fonction ont de la ressource ; nous avons dans nos cartons de bonnes nouvelles pour février. Et puis la pression médiatique sur la vie privée du Président va s'apaiser. Mme Sarkozy a les qualités d'intelligence et de culture qui lui permettront de représenter la France avec une grande dignité.
Remède contre la baisse dans les sondages : la "culture" et l'"intelligence" de "Mme Sarkozy". C'est la faute à la "pression médiatique". Autrement dit : Nico, tu l'as bien cherché.
Il faut revenir aux fondamentaux, notamment à la nécessaire protection du président de la République par le Premier ministre. C'est incontournable. Je ne pense pas qu'avec un peuple qui a le sang chaud comme le nôtre on puisse laisser le Président seul au front.
Raffarin pèse ses mots. "Seul au front" ? Alors que TGH était celui qui devait être justement sur tous les fronts ? En une phrase, Raffarin balaie l'essence même du sarkozysme. Et il appelle au retour d'une présidence qui, désormais, ne pourrait pas éviter d'être perçue comme chiraquienne.