Noir, blanc, rond, rectangle
Deux couleurs, deux formes, ainsi naissent les relations, et ainsi naissent les histoires. Certes, le titre n’annonce pas le rectangle, parce que c’est sur cette forme que tout se joue, panneau qui glisse sur le sol pour ouvrir l’espace ou le refermer, ou écran sur lequel se dessinent gestes et figures. C’est comme une feuille de papier qui reçoit les dessins et les mots.
Et c’est par des mots que ça commence : noir, blanc, rond, en haut, en bas, noir sur blanc, blanc sur noir, etc. jusqu’à ce que surgisse un mot incongru, et tout s’arrête un instant. Les histoires ne sont pas éternelles et c’est dans leur suspension que l’esprit essaie des pistes de compréhension. Les ronds vont et viennent, traversent la scène, se dissimulent, réapparaissent et chaque enfant, chaque spectateur, peu à peu, se raconte quelque chose : deux bonhommes qui rient, une comptine qui tourne autour d’un cercle comme l’aiguille d’une horloge, des petits et des grands, deux faces de couleurs différentes qui se montrent alternativement… Oh ! ce grand rond blanc, c’est peut-être un soleil ? On sent la salle vibrer de curiosité, des applaudissements spontanés palpiter ce jour là, et ce rond rouge, qu’est-ce qu’il fait là ? Et cette lumière blanche qu’on dirait bleue ?
Des enfants m’ont demandé pourquoi j’étais venu, moi aussi, voir ce spectacle. J’ai répondu que ça m’intéressait tout comme eux. Je crois que ma réponse leur a plu. J’ajoute ici : les spectacles pour enfants (celui-ci à partir de 2 ans) doivent aussi susciter des images pour les adultes, non seulement pour qu’ils puissent échanger avec leurs enfants, non seulement pour y puiser des idées pour quelques activités éducatives, mais aussi, tout simplement, pour nourrir leur imagination. Et ce spectacle de la Compagnie Théâtre T, qui avait présenté il y a quelques années un très beau spectacle (Je nais papier), remplit tous ces aspects.
J'ai vu ce spectacle au Centre Culturel Aragon-Triolet d'Orly (94)