Et HADOPI capote
Difficile de faire des billets actuellement tant la déferlante du #bistougate est omniprésente. Il n’en reste pas moins que, pendant que la classe politique retient (mal) son souffle les yeux rivés sur Harlem, le monde continue de tourner et la France de patiner dans la semoule en marche arrière, s’enfonçant mollement sous nos yeux. Et voilà que la HADOPI choisit ce moment crucial pour se mettre au point mort.
Oui, c’est bien le terme qui s’impose : la Haute Autorité qui devait, au départ, observer les petits internautes se retrouve en arrêt complet.
Il faut dire qu’à l’instar d’un PlayStation Network qui se serait gentiment fait hacker parce qu’un patch n’a pas été correctement appliqué, la HADOPI a fait confiance, pour la prestation technique dont elle avait besoin, à une bande de joyeux lurons payés fort cher mais très manifestement en dessous des standards minimaux en matière de protection de ses serveurs.
Pour résumer l’affaire et sans verser dans l’aspect trop technique, la HADOPI a régulièrement besoin de la liste des adresses IP des méchants pirates dont elle doit s’occuper. Cette liste est obtenue auprès de Trident Media Guard (TMG), une société nantaise qui récolte ces adresses en écumant les réseaux Peer-To-Peer de partage de films et de musiques (BitTorrent notamment).
Mais voilà : au moins l’un des serveurs de TMG est une passoire et il n’a pas fallu bien longtemps pour qu’on découvre que des documents contenant les adresses IP des méchants pirates y étaient conservés bien au-delà des 3 jours maximum que la CNIL permettait.
Ce qui conduit naturellement la Hautotorité … à devoir fermer la récolte des adresses pour le moment et fermer toute connexion avec TMG : ce serait tout de même ballot que des milliers d’adresses de potentiels pirates se retrouvent dans la nature alors que, la loi étant ce qu’elle est, cette information est confidentielle. Ça risquerait de nuire un chouilla aux procédures susceptibles d’être engagées.
Nous avons donc une fuite notable de données sensibles et une interruption complète du travail de l’autorité qui nous coûte, pour rappel, 12 millions d’euros par an et prétend arriver à remettre sur le droit chemin péniblement 3.5% d’internautes. Tout ceci continue de sentir le fiasco dispendieux et la gaudriole dans laquelle s’illustre tous les jours ce pays, même au-delà des frontières.
C’est rassurant, en fait : quand on se rappelle que ce sont les mêmes rigolos aiguisés comme des cotons-tiges qui veulent dresser un firewall à l’échelle européenne, on se dit qu’on a encore le temps de se retourner, et qu’ensuite, on aura encore moult occasions de bien rire.
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