La justice américaine est sans fioritures ni dentelles mais elle passe. Au moins jusqu’au prétoire car on sait bien qu’après, le fait de pouvoir se payer les meilleurs avocats et des enquêteurs privés biaise les cartes.
On comprend que le fait de voir exhiber DSK dans une version moderne du goudron et des plumes suscite le trouble notamment chez ses amis. Mais ceux-ci doivent faire attention à ne pas tout mélanger notamment au regard de leurs responsabilités passées.
D’une certaine façon l’affaire DSK renvoie dans les esprits à celle d’un certain Polanski. Elle marque un schisme profond entre ceux d’en haut et ceux d’en bas. Les premiers revendiquent un traitement judiciaire différencié au titre de leur exposition médiatique ou de leur responsabilité politique.
Ce clivage n’est pas anodin. C’est celui entre un ancien et un nouveau monde, le premier étant marqué par les privilèges d’une aristocratie de réseau, financière politique ou médiatique qui sait protéger les siens.
On comprend le choc que représente pour elle le traitement réservé à l’un des hommes les plus puissants de la planète. Le message est terrible car explicite. Il met fin à un sentiment d’impunité. Le constat qu’un président des Etats-Unis ne puisse venir peser sur un petit juge de New York, la simple juge Melissa Jackson, laisse pantois la patrie de Montesquieu.
Séparation des pouvoirs, égalité et rapidité de traitement au niveau de la justice, la société française devra, une fois passé le choc émotionnel laisser de côté son arrogance pour commencer à balayer dans sa cour.