Chez Patrick : déjà Patraque?

Publié le 05 février 2008 par Chrisos


Chez Patrick, bistrot à touristes.
48/50, rue de Verneuil, 75007 Paris.
Tél. : 01 42 86 81 87.

Repéré il y a quelques semaines, chez Patrick remplace le Rouge Vif. En tant que voisins (lui du Hameau Verneuil, moi du Carré Rive Gauche) et camarades bloggeurs, Mr. Lung et moi, en exclusivité mondiale, pour vous chers lecteurs du blog de Mr. Lung et du ChrisoScope, testé cette nouvelle adresse. CityVox a répercuté le changement, mais sans plus. Mr. Lung a d’ailleurs été plus rapide que moi. Son verdict, que j’approuve : bof, pas trop mal, mais loin d’être fracassant,  malgré le quartier, cela reste cher étant donnés les qualités, quantités et services.

Je le retrouve un peu après 20h30, devant un verre de vin rouge archi clair (origine incertaine, Bourgogne?), et une petite assiette de saucisson coupé en tranches, radis et beurre. Le cadre n’a pas vraiment changé par rapport au Rouge Vif, il y a toujours des nappes à carreaux rouges et blanc, en toile cirée. Cuisine ouverte (pas d’odeurs en salle, heureusement. L’endroit est à peine plein, et ne se remplira pas plus qu’au quart/tiers de sa capacité maximale. Un bistrot vide, c’est un peu triste. La clientèle : quelques amis de Patrick, qui demandent du rab (le Patrick qui leur dit de ne pas être trop exigeant parce que c’est offert) et des touristes étrangers qui voulaient diner au Rouge Vif. Pour en finir avec le Rouge Vif, j’avais testé cette adresse lors de mon arrivée dans le quartier, au début des années 2000. Ce n’était pas mauvais, juste quelconque et je n’ai jamais eu envie d’y retourner. Par contre je connais des Américains d’un certain âge, avec un goût parfois incertain, qui aimaient bien cet endroit (sans doute le charme sooo french des nappes à carreaux et des (fausses?) poutres apparentes). Bof quoi!

Pour se faire une idée de la qualité du service, lire l’avis de Mr. Lung. C’est une serveuse plutôt jeune et peu expérimentée, piercing brillant au nez qui s’est occupée de nous. La scène du choix du verre au vin racontée par mon ami Mr. Lung est trop drôle, hélas! Bref, ça commence moyennement. Quelques entrées et plats du jour sur une ardoise, une carte avec, à chaque fois, une demi-douzaine d’entrées, de plats et de desserts… C’est assez classique, dans le style bistrot de base. Entrées autour de 9-10€, avec quelques pics au delà de 15€, pour un foie gras, par exemple. Salade de haricots verts, parmesan pour Mr. Lung, mâche, pomme (fruit) et betteraves pour moi. Cela arrivera finalement assez vite, le temps de regarder un peu la carte des vins. Ah, la carte des vins de Chez Patrick! Soit c’est une carte hyper pointue, soit ce sont des références obscures, parce que les Bourgognes proposés ne nous disaient rien (même pas les appellations!). Et puis le fait de voir toutes ces bouteilles (même des bonnes, proposées à plus de 100€, donc pas forcément servies souvent) debout, à la verticale, sur des étagères ne rassure pas. Ce sera finalement un pot de la maison (13€, de la région lyonnaise?), un peu moins clair que le verre de Mr. Lung à l’apéro. Aucun souvenir de ce vin, mais nous ne nous sommes pas pressés pour le boire. Heureusement que ce n’était pas une bouteille entière (les bouteilles commencent autour de 25-30€ et vont jusqu’à environ 120€, avec pas mal de bouteilles autour de 40-60€) : pas donné, surtout pour des vins souvent peu connus.

Revenons à nos salades. Les ingrédients de la salade de haricots verts + parmesan étaient frais et plutôt bons, mais la sauce semblait industrielle, trop chargée en moutarde (dixit Mr. Lung). Ma salade, archi simple, se mangeait, mais j’avais l’impression que les lamelles de pommes et betteraves n’étaient pas fraichement coupées, ce qui se ressent un peu sur les bords, un peu émoussés et sur l’ensemble, pas assez croquant. Mangeable, mais pas très fin.

La langue de veau ravigote + pommes de terre de Mr. Lung n’est pas une réussite (*** pour sa comparaison avec un “french kiss après un kebab”). Mon andouillette (5A, est-ce vraiment équivalent à A.A.A.A.A.?) était tassée, pas mauvaise, mais noyée dans sa sauce à la moutarde, servie avec un gratin de pommes de terres plutôt honorable. Nous avons pris des plats de bistrots, parmi les moins chers à la carte (autour de 16-17€ alors que ça frise les 30€ pour les pièces nobles de bœuf). Au niveau quantité, ça pourrait être un peu plus généreux (le soir, ça me dérange moins qu’avant, mais, là, quand même, ils pourraient être un peu plus larges).

Desserts (~9-10€ chacun) pour finir : c’est la chandeleur, donc crêpes au Grand Marnier pour Mr. Lung. Naïvement, je pensais qu’elles seraient flambées : même pas, en plus elles étaient déjà préparées puisqu’elles étaient posées sur une table derrière moi depuis le début. L’intéressé ne les a pas trouvées fameuses! Baba au rhum St James pour moi. Il s’annonce bien, sauf que… c’est la jeune serveuse qui verse un peu de rhum et qui repart avec la bouteille (il n’y a pas de petites économies, n’est-ce pas?). Plus cher qu’à l’Opportun, pas mauvais, mais finalement banal, moins copieux…

Tiens, je parle de l’Opportun, un vrai bistrot, où l’on vous sert des portions d’homme, pas d’homuncule touriste. Et bien l’Opportun est un bon bistrot qui fait plaisir (et même si ce n’est pas donné, on en a pour son argent, et plein l’assiette). Alors que chez Patrick c’est un bistrot où je ne retournerai plus.

Une bonne dizaine de minutes pour avoir l’addition (ça discutait avec des amis/habitués). Et puis il faut voir la gueule de l’addition : moche, pas bien écrite. Apprenez à faire des 8, voyons, et puis niveau détail, on a vu mieux. Bref, même ce souvenir ne vaut pas le coup. Le coût? un peu plus de quarante euros par personne, pour une entrée, un plat, un dessert chacun, plus un pot de vin pas top. Heureusement qu’ils n’ont pas compté la piquette servie initialement. Pour quarante euros/tête ou moins, on dîne très bien, dans le même quartier, à la Taverna degli Amici, ou au Cinq-Mars. Et si on veut un bistrot old school, autant aller au Bistrot de Paris, rue de Lille.

Désolé Patrick, je crois que ça ne va pas le faire. Heureusement que tu nous as un peu fait rire, malgré tout et sans doute malgré toi. Amis lecteurs, j’espère que vous êtes conscients que ce n’est pas une tache facile, et que ce n’est pas sans risque.