Et puis un jour, j’ai rencontré Audrey T.

Dans un groupe de musique, on évoque souvent les chanteurs, guitaristes, batteurs, et ceux qui se cachent derrière un clavier. Par contre, on oublie les petites âmes qui rament pour faire garder le moral à ces gentils saltimbanques. Non, je ne veux pas parler du public ou du dealer de coke qui se fait discret dans les loges, mais plutôt de l’homme ou de la femme de l’ombre : Le/la manager(euse).

Qu’ils soient des manipulateurs rageux ou de simples amoureux sincères de la musique, le manager fait partie (et contribue) à la naissance et l’évolution de la carrière de son protégé.

Je l’avoue, j’ai été charmé par l’humanité de la manageuse de Melissmell, Audrey T. Ouais tu peux me rire au nez en me traitant de fleur bleue ou de pauvre groupie débile, mais il m’arrive souvent de perdre pied en écoutant une musique ou en rencontrant une personne. Audrey T. fait partie de ces personnes qui fascinent avec leurs parcours, leurs influences et surtout leurs humanités sous sa forme la plus rare.

Mars 2007, Audrey rencontre Mélanie via Myspace (au temps où cette plateforme était une mine de talents). Elle resta  figée par l’émotion et bizarrement ressentit comme une sorte de soulagement  «Je me suis dit : le jour où Mano nous quitte, elle comblera le vide qu’il laissera ». N’est pas Mano Solo qui veut, mais Audrey a vu juste. Melissmell n’a et ne pourra jamais remplacer Mano (et je parle en tant que personne pour qui La marmaille nue a été un effet thérapeutique dans sa vie) mais elle a pu rapporter autant d’émotions que lui.

Assez tôt sur mon parcours j’avais rencontré l’amitié
Et jusqu’à ce jour, elle marche toujours à mes côtés
Avec elle je me tape des barres et on connait pas la routine
Maintenant c’est sûr, l’amitié, c’est vraiment ma meilleure copine

Les demoiselles deviennent amies mais pour accomplir un rêve depuis longtemps souhaité, Audrey dû s’absenter une année pour un tour du monde pas comme les autres. Quitter cette vie de citadin pour retourner à l’essentiel. Adieu le superflu! Et comme le disait le proverbe tibétain « Le voyage est un retour vers l’essentiel ». 2009, come-back dans le monde occidental et embarquement pour un nouveau rêve : Manageuse de Melissmell.

Gaëlle Vignaux quant elle parle de sa manageuse Sylvaine Fouix, elle dit « Ma-Nageuse , Sylvaine, je l’appelle comme ça parce qu’elle se démène pour nous au quotidien alors que le métier impose souvent de longues brasses coulées. ». Je ne vous cacherai pas le parcours laborieux et épuisant d’un groupe et son manager, mais le chemin a été long pour Audrey et ses acolytes. Alors quand le bébé Écoute s’il pleut voit le jour le 17 janvier, c’est plus qu’une joie d’avoir donner la vie à 15 adorables chansons mais l’aboutissement de six années de travail, d’acharnement, de persévérance, d’échanges et de rencontres. Concernant ce projet, Audrey me confie « L’album, le  bébé  comme tu l’appelles, est important en ce qu’il permet de présenter le travail de Melissmell au plus grand nombre mais pour moi, ce que je retiens de cette aventure à ce jour et ce qui me touche le plus, c’est la rencontre avec le public lors des concerts et voir de plus en plus de gens se déplacer pour Melissmell, c’est ça qui me fait vibrer ! Et c’est là aussi où sont l’authenticité, le vrai échange, par opposition au milieu professionnel de la musique, qui n’est bien souvent, qu’hypocrisie, paraître et histoire de gros sous. »

Pour ceux qui ont croisé l’adorable Audrey lors d’un concert ou en allant se procurant l’album à la fin des shows de Melissmell (oui oui, celle qui tient le stand de merchandising c’est bien l’aventurière Audrey T.), vous avez surement découvert une « manageuse » qui éprouve un amour sincère pour la musique qu’elle défend.

Y a manager et manager! Albert Grossman (connu pour avoir été le manager de John Lee Hooker, Todd Rundgren, The Band, Janis Joplin, Joan Baez ou Bob Dylan) après la mort de Janis Joplin par overdose, se retrouve avec le cœur brisé. Il perd le goût du management et commence à acquérir celui du luxe. Seul l’argent l’intéressait. Où je veux en venir ? Tout simplement que dans ce métier, y a ceux qui tracent leur chemin avec le cœur riche et passionné, et d’autres pour qui argent rime avec oxygène. « Mon secret pour faire ce travail est simple : je le fais pour Mel avant tout (je n’ai jamais rêvé ni même pensé être manageuse avant que Mel ne me le propose, je me bats et défends ce projet parce que j’y crois profondément, mais je déteste ce milieu qui véhicule des valeurs qui sont à l’extrême opposée de ce que je suis) et pour notre équipe, car cette question me permet encore une fois de replacer qu’il s’agit avant tout d’une aventure humaine et ce qui me lie à Mel mais aussi à Nino, Thomas, Tutur (notre ingé son) et plus récemment Claude et Jérôme ainsi d’ailleurs qu’à POP notre tourneur, fait que je supporte le poids ! »

Melissmell c’est une grande famille,  une belle aventure humaine qui suscite l’engouement partout où elle passe. Y a bien sûr celle qu’on appelle Mell plus féroce qu’un chat, les musiciens, l’ingé son, le tourneur, le roadie qui apporte la bière matinale, la groupie qui connait les chansons par coeur, … et puis le/la manageur(euse) qu’on oublie souvent de citer mais sur qui repose tant de choses.

Crédit Photo Melissmell : Florian Laval