Il y a des questions auxquelles il faut répondre, sans mentir, mais sans non plus vouloir à tout prix tout raconter, juste trouver le bon niveau pour répondre à l’interrogation de son enfant, sans lui expliquer ce qu’il n’est pas en mesure de comprendre à son âge.
Il y a des questions existentielles que les enfants se posent toujours, tôt ou tard…
C’est arrivé hier soir, à table. Sans qu’on s’y attende, bien sûr, ce qui est le principe de toute bonne question existentielle.
Grand schtroumpf réclamait sa troisième part de bœuf carottes, et en même temps, dans un subtil "sutemi waza" digne des plus grands judokas, il nous porta l'estocade.
- « Maman ? »
- « Oui chéri ? »
- « Je me demandais… »
- « Oui ? »
- «……………. C’est qui Dominique Strauss-Kahn ? »
Damned.
Coincée.
Je passais en revue mentalement les différents sujets à aborder, présomption d’innocence, FMI, agression sexuelle.
- « Mon chéri, c’est un homme politique, un peu comme le président de la république sauf qu’il dirige une autre institution. »
- « Il a les cheveux blancs ? »
- « Oui, gris quoi. Et on l’accuse d’avoir fait quelque chose de très vilain. »
- « C’est quoi ? »
- « Et bien, d’abord, certaines personnes disent ça, mais on n’est pas sûr. Parce que ces personnes peuvent aussi mentir un peu
- « Oui mais il a fait quoi ? »
- « On dit qu’il a été méchant avec une personne qui venait nettoyer sa chambre d’hôtel. »
- « Mais méchant comment ? ».
- « Et bien, il l’a obligée à faire des choses qu’elle ne voulait pas faire. »
- « Comme jouer aux petits chevaux ? »
- « Ben… Oui. A peu près. »
- « Mais c’est pas très méchant ça ? »
- « Non c’est vrai. Sauf si elle n’avait vraiment pas envie de jouer aux petits chevaux avec lui. »
Non, mais j’ai pas vraiment menti en fait. Et puis zut, on n’est jamais prêt pour ces questions là, de toutes façons.