Parfois Noël arrive un peu plus tôt : Geek Trend m’appelle un matin pour me proposer le test d’une optique d’exception, le Canon 17 mm TS-E f4, je me précipite au showroom et repart avec un bijou, une optique mythique offrant des possibilités réservées normalement aux chambres photographiques grand format.
Comme toutes les optiques de la série L, l’objectif est entièrement en métal, la finition est au top malgré un sac de protection pitoyable (quand on voit ce que d’autres marques proposent déjà avec des optiques à 200 €). Pas de pare soleil non plus, mais la raison est la lentille frontale bombée qui dépasse du fut de l’objectif. Premier conseil, ne la découvrir que lors de la prise de vue, et reboucher immédiatement après. Les différentes parties mobiles sont fluides, la bague de mise au point glisse merveilleusement.
Des mollettes permettent de basculer ou décentrer l’objectif, des vis de serrage permettent de bloquer la bascule ou le décentrement à l’endroit voulu. Enfin, des petits ergots en métal permettent de faire tourner le fut de l’objectif sur 90° permettant ainsi de créer le mouvement de bascule ou de décentrement de manière horizontale, verticale ou en diagonale.bagues de serrage et ergots pour faire pivoter le fut
Bascule et décentrement de l'objectif
Pour l’architecture, décentrement !
Outre sa couverture exceptionnelle (104°), cet objectif permet à l’aide de la molette de décentrement (+/- 12 mm) de prendre en photo des bâtiments sans avoir à basculer son appareil vers le haut ou éviter de se retrouver avec 50 % de la photo occupée par le sol. On gagne l’impression de monter sur un escabeau, de pouvoir cadrer tout le sujet, de garder les verticales parallèles. Le piqué est fantastique, surtout avec un diaph très fermé comme dans l’exemple ci dessous (f16). On peut voir le rendu à 100% sur le détail de la même photo. Evidemment, on obtient des déformations liées à l’angle de champ couvert, et il est à noter que les profils de correction logiciels n’existent pas pour cet objectif. mais la qualité est telle qu’il n’y a presque rien à corriger. L’absence de pare soleil contraint le photographe à éviter de se mettre dans des position de flare mais les aberrations chromatiques sont contenues même face au soleil.
L’ouverture varie de f4 à f22, le piqué étant parfait à f11, la perte restant très contenue à pleine ouverture ou en fermant à fond. Le vignettage est quasi inexistant sauf à f4 et s’estompe dès f5.6. Ces aberrations sont tout aussi discrètes en utilisant le décentrement, même à fond.
L’effet produit par le décentrement permet déjà des prises de vues impossibles autrement (pas assez de recul ou sujet à photographier trop grand) mais il est également possible de réaliser des assemblages du type panoramique d’une dimension finale bien plus grande que celle du capteur de l’appareil. En assemblant 5 à 10 clichés pris entre +12mm et -12 mm de décentrement, on obtient une image d’une taille de 5500 par 6900 pixel ou de 3600 par 9000 pixel (le capteur du 5D mkII offre de base des images de 3744 par 5616 pixel). Le module externe photomerge de photoshop CS5 permet un assemblage rapide et efficace, le résultat est bluffant.
Bien sur, ce type d’objectif présente certaines limites propres à ses qualités : mise au point manuelle, utilisation lente car nécessitant toujours une grande précision. J’ai constaté qu’avec un fort décentrement, la mesure d’exposition n’est pas très fiable (la mesure m’affiche une perte de deux diaph entre la position centrale et le décentrement maximal, pas d’inquiétude alors que l’expo de la photo obtenue ne change pas). A l’usage ces petits problèmes n’en sont pas (dès lors qu’on y est habitué), et les qualités l’emportent aisément sur les défauts. J’oublie presque de parler de l’utilisation sur des boitiers APS-C qui est évidemment possible (la focale passe à 27 mm), offrant du coup une autre focale avec le même objectif (un atout vu son prix). Pour tout vous dire, j’ai craqué et acheté ce caillou, pour un usage pro en architecture mais aussi pour un deuxième usage dont je n’ai pas encore parlé : l’effet de bascule.
Tilt Shift à volonté
Beaucoup d’usage pour les objectifs à bascule, mais le plus vu aujourd’hui est sans conteste l’effet Tilt Shift permettant de créer des zones floues et nettes sur le même plan de l’image. Envoici un rapide aperçu en attendant la suite de cet article, dès la semaine prochaine.
Alexis PAOLI
www.alexispaoli.com – la galerie Flickr de mes photos prises avec le 17 mm TS-E est ici
Tous droits réservés pour toutes les photos de ce test.