La bande-annonce de The Tree of life avait rendu intenable l’attente du nouveau film de Terrence Malick. D’une beauté et d’une puissance
émotionnelle à couper le souffle, elle laissait augurer d’un nouveau chef d’œuvre du réalisateur de La ligne rouge, renvoyant au pilori nombre de films en l’espace de deux petites minutes. Face au résultat final, le terme d’euphémisme ne serait lui-même pas assez fort pour
définir l’insondable consternation qui nous submerge à la vision du long-métrage.Comment un metteur en scène de la trempe de Malick a-t-il pu se fourvoyer de la sorte ? Comment le poète qui nous livra jadis des splendeurs comme Les moissons du ciel ou Le nouveau monde a-t-il réussi à accoucher d’une œuvre aussi insupportable
?Car le constat est malheureusement bien là : The tree of
life est un interminable, un prétentieux, un long et pénible cours de catéchisme porté sur plus de 2h15. Tout y est : créationnisme, amour de son prochain, endoctrinement des enfants
(la scène où la mère dit à son fils en lui montrant le ciel « C’est ici qu’habite Dieu » mérite son pesant de cacahuètes), le tout dans un
prosélytisme écoeurant donnant le sentiment d’être la victime d’une véritable prise d’otages. S’interroger sur la foi est une chose (Sous le soleil de
Satan, Hadewijch ou même Signes constituent à ce titre des exemples réussis de longs-métrages interrogeant le spectateur sur une éventuelle
puissance supérieure), asséner des croyances religieuses en les imposant comme l’unique vérité en est une autre. Et c’est malheureusement vers ce second choix que s’est tourné Terrence Malick,
livrant un film qui demeure pour l’instant le pire de l’année.Il y a cependant 2-3 choses à sauver dans The tree of
life : une mise en scène d’exception (Malick est définitivement l’un des plus grands techniciens an activité), une musique sublime d’Alexandre Desplat, et quelques séquences qui
parviennent à susciter une certaine émotion (les 2 premières minutes de la création de l’univers, certains plans d’une réelle sensualité poétique, notamment), mais ces dernières ne parviennent
jamais à sauver ce pamphlet religieux dont la grossièreté d’approche confine à la vulgarité. En outre, Malick se complaît plus d’une fois à tirer sur les cordes qui faisaient le charme de ses
précédentes œuvres : la voix off devient ici redondante et fatigante, la poésie devient forcée et creuse, les coupes de plans au milieu d’une scène confinent au systématisme maniériste,
bref, le film constitue formellement le « Terrence Malick pour les nuls ».D’une longueur narrative qui ferait passer Autant en emporte le
vent pour un court-métrage, The tree of life parvient, outre la colère de s’être fait entuber dans les grandes largeurs et d’avoir été bloqué
dans une église pendant 2 heures, à susciter un besoin de plus en plus impérieux de se lever de son fauteuil et de sortir de la salle à grandes enjambées, tant les minutes semblent au fil du
métrage durer des heures. Les soupirs de soulagement entendus dans la salle au générique de fin et les spectateurs étant parvenus à s’échapper en cours de projection témoignent de la
pénibilité de cette épreuve.Difficile de concevoir et d’admettre que Terrence Malick soit tombé si bas, mais c’est malheureusement bien
le cas : The tree of life est une œuvre de prédicateur, un cours de religion, une tentative d’endoctrinement.Il ne manquait plus que la quête à la fin de la projection pour que le tableau soit complet.