Il n’est bien sûr pas possible de se prononcer sur les charges qui pèsent sur Dominique Strauss-Kahn. Je fais toutefois quelques remarques.
Ne fréquentant pas ce genre de palace, je ne puis être formel mais je ne comprends pas qu’une femme de chambre puisse pénétrer dans une suite occupée. Chaque étage dispose au moins d’une gouvernante et c’est elle qui indique aux femmes de ménage les chambres qu’elles doivent nettoyer. Dans le cas où le client quitte l’hôtel, on attend qu’il ait procédé au « check-out » pour préparer la chambre pour le client suivant. Il est donc incompréhensible qu’une femme de ménage pénètre dans une chambre occupée par un client sur le départ. Dans un établissement de ce standing, il s’agit, au mieux, d’une faute, étonnante de la part d’une employée irréprochable ou, au pire, d’une intention délibérée.
Dominique Strauss-Kahn aurait verrouillé la porte. Ce que j’ai pour ma part constaté dans les hôtels américains, et également dans les maisons américaines, c’est que les portes ne sont pas équipées de clés. Il y a simplement, sur chaque porte, une poignée ou un loquet que l’on tourne d’un quart de tour pour bloquer le pêne dans la gâche. Il suffit pour obtenir l’ouverture de manœuvrer la poignée ou le loquet dans le sens inverse. Sauf preuve du contraire, il n’est donc pas possible de fermer à clé une porte et donc de maintenir une personne enfermée dans une chambre. Mais, dans le cas où une porte est fermée de l’extérieur, je ne sais si elle peut être déverrouillée depuis l’intérieur.
Dominique Strauss-Kahn aurait fui. Lorsque j’avais entendu qu’il avait été arrêté dans un avion d’Air France quelques instants avant le décollage, je m’étais demandé comment la police new-yorkaise avait pu le localiser. Depuis, il est apparu que, remarquant l’oubli de son téléphone mobile, il avait téléphoné à l’hôtel pour demander qu’on le lui apporte à l’aéroport. Cela ne me semble pas l’attitude d’un fuyard. Bien plus, il avait réservé ce vol plusieurs jours à l’avance : on ne prend pas un avion comme on fait du stop.
Les crimes dont on l’accuse auraient été perpétrés au cœur de Manhattan. On l’a arrêté à l’aéroport Kennedy, en plein Sud. N’y avait-il donc pas d’autre endroit pour le détenir que Harlem, tout au Nord ? Il semble que la justice américaine, déconfite après la fuite du Français Polanski, soit satisfaite à l’idée de se payer un Français.
Bien sûr, il faut maintenant attendre la suite des événements pour y voir plus clair mais je demeure troublé par ces quelques éléments.