On a été surpris que ce magazine mette à mal son fonds de commerce : cet hebdo qui met à l'honneur ces fameux branchouilles toutes les trois pages venait de les tailler en pièces. Avec certes un second degré à la limite de l'humour, mais quand même ! C'est bien la preuve que tout le monde en a plein le cul de ces soi-disant cool dont on a aucunement idée de qui ils sont et encore moins de ce qu'ils font.
Le très populo Grazia est-il en train de péter une durite ? Parce qu’avouez qu’il fallait oser ! Peut-être que ça passera inaperçu mais sincèrement, aurait-il « bouffé » quatre pages si le sujet n'en valait pas la peine ? Va-t-on oser mettre en évidence la supercherie de ce siècle ? La « hype » va-t-elle mourir ? La « hype », un mot qui n'existe même pas, simple francisation de hip, terme uniquement anglo-saxon et surtout intraduisible.
Hip descend lui-même du terme hipster, rien à voir avec les hipsters new generation qui traînent en Vans trouées, jeans slim, chemise de bûcheron, lunette de geek et casquette à visière démesurée du côté de Williamsburg, à Brooklyn. Non, non, non ! À la base, c'est un terme des années 40 qui désignait des mecs blancs qui vivaient comme les musiciens de jazz black : sexe nonchalant, drogue à gogo, attitude cool et un certain amour pour la fringue tout en utilisant l'argot comme langage de prédilection.
Peut-on nous expliquer ce que Olivia Palermo, Charlotte Kemp -Machintruc, Cory Kennedy et consœurs viennent foutre dans cette définition ? D'ailleurs, est-ce que quelqu'un peut citer l'activité d'une de ces filles, à part être apparemment « hype » ? Sans parler de leurs équivalents masculins... Vous n'en avez pas plein le cul qu'on vous dise ce que vous avez à faire ? « Habille-toi comme elle, elle est cool ». « Va chez H&M, c'est pas cher et joli ». « Écoute Rihanna, c'est super branché en ce moment. « Si t'as un peu de sous, va chez Chanel ». Non mais sérieux !
Pour nous, le summum du hip, c'est justement ceux qui sont inclassables ! Vive la contre-culture, bordel ! C'est dans la différence qu'on est censé s'enrichir, pas dans le clonage. Les vrais « hypeux », c'est ceux qui vous passent des remix improbables de Marie Gillain, c'est des gens qui ont toujours des looks indécents de beauté alors qu'ils ne jurent que par Emmaüs, conscience écologique oblige. C'est pas des pseudo-people qui vont boire des coupes de champagne au baron avec Lou Doillon ou posent pour une pub Zadig & Voltaire !
Ils sont d'ailleurs durs à trouver, les vrais de vrai, il faut les chercher, les apprivoiser. Ils se cachent parce qu'ils ne veulent pas être pollués par le mass market ! Croyez-nous, on est loin d'être à la hauteur des shows visuels et sonores de vrais cool comme Jean-Biche et Ferran Sanchez, et encore plus loin de la faculté stylistique d'un Brad Callahan qui, avec n'importe quelle veste trouvée dans les poubelles, vous fait un miracle. Mais qu'est-ce qu'on les admire ! Ils rendent la mode plus belle, tellement originale, tellement riche. Heureusement qu'il nous reste des jeunes designers comme Lespagnard qui n'ont pas pour seul objectif de vendre leur âme au démon LVMH. Grâce à eux, on peut croire encore un peu à la créativité dans ce monde tellement formaté.
On s'énerve parce que c'est tellement plus jouissif d'arriver dans une soirée où il y a un mec qui porte des embrasses de rideau en guise de ceinture et qui danse sur du Claude Nougarro electro qu'à Sienna Miller land où des centaines de clones-conasses en slim-débardeur oversized et low boots Zara se déhanchent sur David Guetta.
Bien à vous.