DSK et la justice bourgeoise médiatique

Publié le 16 mai 2011 par Chezfab

Bon, que DSK ait fait ou pas ce dont il est accusé, c’est à la justice américaine (bourgeoise certes) de le dire. Je ne vais pas juger l’affaire ou dire ce que j’en pense au-delà du nécessaire.

Mais par contre, j’ai juste la nausée de voir le déferlement médiatique de soutien à DSK. La présomption d’innocence disent-ils, mais ils bafouent en grande pompe la présomption de victime (comme le souligne Clémentine Autain) de la jeune femme de chambre qui a porté plainte !

C’est juste odieux et calamiteux.

Dès la nouvelle de son arrestation (suite à une plainte pour tentative de viol et séquestration, rappelons-le), les médias se mettent à tourner en boucle. Non, ce n’est pas possible, notre candidat choisi par nous pour l’imposer aux français, parce qu’il plait bien à nos patrons, est mis à mal, semblent ils tous penser en chœur. Vite, vite, il faut faire venir sur nos plateaux, dans nos journaux papier, à la radio des gens qui « flattent l’image de DSK ». Et c’est lancé, de la théorie du complot à la con (on veut descendre DSK parce qu’il dérange, on se demande bien qui ceci dit), en passant par les sous entendus graveleux de machos en chaleurs (elle l’a peut être cherché, c’est peut être une allumeuse, elle est peut être payée pour ça, elle est peut être folle et halluciner, etc… etc…), c’est festival ! Et bien entendu, personne ne souligne une chose évidente : DSK a les médias avec lui, mais surtout l’accès aux médias, ce qui n’est pas le cas de sa victime présumée !

Cette disproportion ne semble pas gêner grand monde (à l’exception de Clémentine Autain que je salue ici pour son courage politique dans cette affaire, lisez son billet) et tous sont là à pleurer sur l’homme qui traverse une épreuve et le parti socialiste. C’est misérable, minable et indigne d’une pensée qui se veut critique.

Le principe de classe joue là à plein régime : d’un côté un millionnaire à la tête du FMI tout puissant, de l’autre une femme de chambre. Comme au temps des monarques, une cour immense qui vient proclamer que « le roi est bon, vive le roi », infamant par la même occasion la personne qui a eut le courage de porter plainte. Au passage : si elle porte plainte, il y a enquête, elle a intérêt à être sur d’elle, sachant qu’elle s’attaque à un des hommes les plus puissant du monde. Mais non, cela non plus, personne ne le souligne.

Personne, pas même sainte Ségolène Royal, qui nous avait fait tout un foin sur les pubs Sloggy et l’image de la femme (pas totalement à tord) n’a de pensée pour la présumée victime. Non, trop occupés qu’ils sont tous à gérer la tambouille interne de la présidentielle et leur petite personne pour ne pas être éclaboussé par cela. Présomption d’innocence pour DSK ou battage médiatique pour faire douter et aider l’homme à s’en sortir ? J’ai tendance à opter pour le second point.

Et Valls, Guigou et Joly qui s’émeuvent que DSK ait été menotté, j’ai juste envie de leur demander ce qu’ils pensent des sans papiers qui subissent le même sort ? Et des présumés coupables (sic) dont nous abreuve le police, les ministres et la presse aux ordres ? Ou quand madame Joly juge se servait des médias et de l’image pour « arriver à ses fins »… Amusant non ? Non pas vraiment.

Bref dans tout cela, c’est un peu comme toujours quand un puissant est mis en accusation par un faible (à tord ou à raison). Sa cour vient expliquer en quoi nous ne devons pas douter de lui parce qu’il est puissant. La justice de classe n’est déjà pas le pied, mais là c’est la justice de classe médiatique. Surtout quand c’est le chouchou des médias qui est mis à mal !

Qu’il soit coupable ou innocent, on aura pu juger une fois de plus que les médias « de masse » et « non indépendants » ne sont pas neutres, qu’ils orientent (ou tentent d’orienter) notre vision du monde et qu’ils n’ont pas de décence quand il s’agit de défendre leur poulain.

Et certains politiques ne s’embarrassent pas de pincettes, tel Bernard Debré sur son blog accusant DSK d’avoir commis plusieurs agressions dans cet hôtel. Mais peut être est ce tout simplement une guéguerre « droite / gauche » de gouvernement…

De toute façon, politiquement, DSK, l’affameur du FMI, le libéral économique pur jus serviteur de la sauce anti peuples se combat, quoi qu’il en soit ! Et pas avec le social-libéralisme cher au PS ou le libéralisme d’une droite et extrême droite nauséabonde.