10 ans après, Brunschwig assure toujours !
Le « Pouvoir des innocents » est assurément un incontournable du neuvième art, que tout bédéphile devrait impérativement avoir dans sa bibliothèque. Quand neuf ans après la fin de cette excellente saga, Luc Brunschwig n’annonce pas une, mais deux suites à sa série à succès, la nouvelle est accueillie avec un mélange d’enthousiasme… et de méfiance (je parle pour les autres là, car chez moi la confiance était évidemment de rigueur).
Si le « Pouvoir des innocents » se déroule en 1997, « Car l’Enfer », dessiné par David Nouhaud, se déroule de 1998 à 2001, alors que « les Enfants de Jessica », dessiné par Laurent Hirn, se passe en 2007. Ce premier tome se situe donc dix ans après les événements de la saga principale, mais le lecteur ne se retrouve pas perdu pour autant. Il retrouve non seulement plusieurs personnages connus, mais peut également compter sur un Luc Brunschwig en grande forme, qui distille intelligemment les informations nécessaires à la compréhension de ce nouveau cycle. La décennie qui sépare les deux cycles a en effet eu de solides répercussions sur les protagonistes et sur le pays de l’Oncle Sam. Jessica Ruppert, par exemple, n’est plus maire de New York, mais occupe aujourd’hui le poste de Secrétaire aux Affaires sociales et s’apprête à annoncer un programme de réforme historique et extrêmement ambitieux, qui va bouleverser la société américaine de fond en comble.
Au sein d’un pays confronté à une crise économique sans précédent, Luc Brunschwig aborde donc des thèmes qui sont d’actualité. Il ne se contente pas d’étaler les 200 mesures proposées par Jessica Ruppert, mais se demande également si l’Amérique est prête à renoncer à son identité en abandonnant sa logique de l’économie de marché au profit d’un système plus solidaire et plus équitable. Si le changement d’orientation politique s’annonce pour le moins radical et peut-être utopique, ce premier volet laisse déjà entrevoir une chose importante : quoi qu’il arrive, le prix à payer sera très élevé !
Si le scénario excelle au niveau du réalisme des situations et que la fluidité du récit est une nouvelle fois exemplaire, malgré le développement de plusieurs scènes en parallèle, il faut également souligner l’excellent travail de Laurent Hirn au niveau du graphisme. Que ce soit au niveau du découpage, de la colorisation ou de l’efficacité du trait, l’auteur livre à nouveau un sans-faute et s’installe comme l’un des meilleurs dessinateurs du moment.
Bref, cette suite de l’une des meilleures séries franco-belge, proposée par le duo de l’excellent « Sourire du clown », s’annonce déjà plus que prometteuse ! Le genre d’album qui fait le bonheur des bédéphiles, ceux qui aiment et ne comptes pas…
Retrouvez cet album dans mon Top du mois et dans mon Top de l’année !
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