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DSK et l’emballement médiatique

Publié le 16 mai 2011 par Francoisjost

Hier, encore dans les limbes du sommeil, j’allume machinalement ma radio et je saisis juste la voix éraillée de Jean-François Kahn qui affirme qu’il a toujours été un « chaud lapin ». Qui ? Il me faudra plus d’un quart d’heure pour comprendre de qui l’on parle et pour avoir un résumé factuel de l’événement. Je comprends alors qu’Europe 1 a quasiment « cassé » ses programmes pour parler de l’affaire DSK.

Dans un premier temps, je suis consterné par les faits relatés. Puis, plus le temps passe, plus c’est ce nouvel emballement médiatique qui me consterne., Aucune leçon ne sera donc jamais tirée des dérapages des médias. Recommenceront-ils indéfiniment les mêmes erreurs ?

Qui se souvient en ce moment du lynchage des accusés d’Outreau et des condamnations dont il fut l’objet quelques années plus tard ?

Dans mon dernier livre, Les Médias et nous, je déplore que les procès se fassent aujourd’hui sur la place publique. A présent, on n’est même plus dans la configuration du procès : on condamne à la seule écoute de l’accusation sans attendre l’argumentation de la défense.

Pour ce faire, une fois encore, les vieilles ficelles de la vraisemblablilisation sont utilisées : DSK doit être coupable car c’est un chaud lapin, un malade, un obsédé du sexe, etc. Et s’il avait la conscience tranquille, il ne serait pas parti à toute vitesse en oubliant son téléphone… Avec la reconstruction en fonction du vraisemblable on peut faire un nombre indéfini de récits. Mais cela ne prouvera jamais qu’ils sont vrais.

Bien sûr, je ne possède pas plus la vérité des faits que n’importe qui. Mais pas moins. Ce que je me demande, c’est ce qu’il faudrait faire pour que les médias français ne se lancent pas dans des discussions sans fin sur les conséquences de faits qui ne sont pas établis et dont dépend largement le futur de DSK. En France, il n’est plus permis de montrer un individu présumé innocent, les menottes aux mains. Parce qu’elle vient des États-Unis, les médias oublient cette règle et se complaisent dans l’affichage d’une image dégradante. Comment dans ces conditions prouver son innocence ?

Un peu plus de 24 heures après le début de cette affaire, je ressens un profond malaise, peut-être même un peu de dégoût. J’éprouve ce que j’ai ressenti lors de l’affaire d’Outreau : l’impression que la mise à mort médiatique n’a rien à voir avec la justice que réclament nos démocraties.

comprendrelatele

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