Ce dimanche 15 mai et pour un mois, la pêche au thon rouge a repris en Méditerranée. Cette saison 2011 est une saison à part, qui va se jouer dans un contexte international très particulier en raison de la situation libyenne, et un contexte national sans précédent, avec une flotte française divisée par deux.
Une saison de pêche en eaux troubles
Cette année, seuls neuf navires français rejoindront les zones de pêche de Méditerranée où ils resteront un mois, la campagne prenant fin le 15 juin.
Ils étaient 36 en 2008 et 17 l’année dernière.
Ces neuf bateaux se partageront un peu moins de 700 tonnes contre environ 4.500 en 2008. Les pêcheurs français sont en effet contraints de rembourser une « dette » de thon de quelque 5.000 tonnes. Cette dette qui équivaut au dépassement de leur quota 2007 et qu’ils remboursent progressivement depuis 2009. Cette année, ils doivent se priver de 1.444 tonnes. Résultat : selon les chiffres de la SaThoan, une organisation représentant les intérêts de thoniers sétois et les chiffres officiels publié au Journal Officiel en février 2011, il reste aux thoniers senneurs de Méditerranée 683 tonnes de poissons à pêcher.
Par ailleurs, une dizaine de thoniers senneurs battant pavillon libyen sont stationnés dans le port de Sète. Ils appartiennent en fait à des armateurs français. Le gouvernement français ne doit en aucun cas laisser partir ces navires, s’ils allaient pêcher ils seraient en situation de pêche illégale, il est donc de la responsabilité des autorités françaises d’éviter une telle situation.
Une espèce toujours vulnérable
L’espèce est toujours en grande vulnérabilité; or la saison de pêche a lieu au moment même de la reproduction des poissons car elle favorise leur regroupement …
Greenpeace est plus que jamais fermement opposée à la reprise de la pêche industrielle du thon rouge en Méditerranée. Bien que les quotas de capture aient été considérablement réduits au cours des dernières années, le thon rouge reste l’un des poissons les plus prisés des pêcheurs. Face à l’immense incertitude concernant l’état du stock, le principe de précaution devrait pourtant s’appliquer, et la pêche industrielle au thon rouge, devant la menace qui pèse sur l’espèce, devrait être fermée.
Surpêche, quota : c’est Bruxelles qui doit agir cette année !
Le problème de la surpêche du thon rouge est l’archétype de la mauvaise gestion de la pêche, qui trouve ses racines dans la Politique commune des pêches de l’Union Européenne (PCP).
Cette PCP européenne est l’ensemble des lois qui régissent toutes les pêches européennes dans et hors de ses eaux. Le processus de réforme de cette politique, qui a lieu seulement tous les 10 ans, commence cette année pour aboutir en 2013. C’est une des rares occasions pour mener une réforme de fond, faire prendre un tournant à la gestion des pêches en Europe. Il y a urgence, de simples mesures d’ajustements des règles ne suffiraient pas à éviter l’effondrement des ressources en poisson, y compris le thon rouge, et la disparition de nombreuses pêcheries.
Greenpeace sera mobilisée dans toute l’Europe, tout au long de l’année à venir, pendant que se dessine cette réforme. Pour que la nouvelle Politique commune des pêches européenne respecte les avis scientifiques, en appliquant le principe de précaution, et permette de créer des réserves marines sur les zones les plus sensibles ou encore de mettre en place une vraie réduction de la surcapacité de pêche.