Arme impérialiste clé, outil d’éducation et de conquête des peuples, signe extérieur de richesse intérieur, la culture est sans doute le fil conducteur de l’esprit d’une population. Il parait donc évident qu’une culture forte est un artefact qui précède une puissance économique, diplomatique (Usa, japon, Chine, France, Angleterre…) Au Cameroun, si le subtil équilibre entre culture musicale locale et produits importés sous fond d’ouverture d’esprit restait maintenu ; depuis une quinzaine d’années on assiste à une décrépitude spectaculaire de la qualité musicale, sous le regard hagard et paresseux des autorités en charge.
Loin du discours démagogue du nostalgique hostile aux mises à jour, et enclin à regretter de droit les époques Manu Dibango, Ben Decca, Kotto Bass, Eboa Lotin, Sam Fan Thomas, Ndedi Dibango ou encore Prince Eyango ; loin de cela, le constat est clair et factuel : La musique camerounaise est aujourd’hui, inexportable, brouillon, plate, et le pire, inidentifiable, si non identifiable par son manque d’identité et c’est bien là le signe de la fin.
Guy Watson ; tout un symbole
Comme un symbole, l’artiste camerounais le plus en vu de l’heure, Guy Watson, dit « mignoncité ». S’il y a peu de choses à reprocher à ce jeune homme passé de l’ombre à la lumière en un temps éclair ; des sous quartiers de Douala aux scènes de sous quartiers européens, le rêve camerounais existe ! Un rêve aux fondations en pailles pourries.
Un bit emprunté aux amis ivoiriens, aucune variante, quelques phrases hachées façon folklor Bamiléké, et le tour est joué, le « succès » assuré. Si aucun album n’est vendu, au moins l’assurance du buzz sur youtube et quelques voyages en Europe pour se produire fièrement sur les scènes les plus merdiques du paysage afro culturel, devant un public camerouno-camerounais en délire. Très vite, le sommet de la carrière est atteint et le retour dans l’ombre se ferra aussi rapidement que la sortie. Pathétique ! Autant que le manque d’inspiration sur scène, la pauvreté dans la créativité et le seul atout du dégueulasse pour plaire à un public lobotomisé.
Petit Pays, maestro du chaos !
Une légende, un grand, obstiné à s’autodétruire, obsédé par la petitesse. L’incompréhensible petit Pays aurait pu être cité aux côtés des Manu Dibango et autre Koffi Olomidé, mais le natif de Douala travail depuis 10 ans pour le compte de la médiocrité, avec quelques fois des sursauts de génie. Une sorte de Samuel Eto’o de la musique camerounaise ; Aussi talentueux que stupide ; au don autant constructeur que destructeur, en somme, nul ! ; des modèles biaisés pour une jeunesse affamée et rêveuse.
Petit pays ne saurait être complètement lavé de toute responsabilité dans cette chute nationale, car derrière lui, se trainent plusieurs générations d’artistes de pacotilles ayant eu pour modèle ce même Turbo d’Afrique qui a réussit à inverser les normes de jugement et ériger la médiocrité en réussite. Au Cameroun, il suffit désormais d’être au moins médiocre pour s’assurer du succès. Malheureusement, un succès aux courtes jambes, car le marché international de la musique ne reconnait pas ces normes. On ne verra donc plus aucun artiste camerounais sur les vraies scènes internationales, ce qui ne semble pas émouvoir les autorités qui par leur attentisme contribuent largement à cette mort lente.
Les conspirationnistes parleraient d’une volonté politique de maintenir la population dans un vide culturel, travailler à la dépravation des moeurs et en faire 20 millions d’esprits comateux pour des fins manipulateurs. Ce pendant, l’histoire camerounaise récente nous ayant montré une absence de stratégie dans tout et pour tout, cette théorie valoriserait à la limite ces dirigeants dont l’action principale est l’inaction.
La culture est contrairement à ce que l’on pense, de l’ordre de l’acquis et non de l’inné. De plus, des résultats scientifiques récents nous apprennent qu’elle n’est pas propre à la race humaine, car il existe également une culture animale. De ce fait, Elle est donc emmenée à évoluer ou pas. Côté Cameroun, les autorités ont fait le choix de la régression et le résultat spectaculaire ne vient que confirmer ces résultats scientifiques.