Je revends les perles de mon grenier aux enchères

Publié le 16 mai 2011 par Dailyconso
Contrairement aux idées reçues, les ventes aux enchères ne sont pas réservées qu'aux objets d'art hors de prix. Non, les ventes aux enchères sont ouvertes à tous types de biens, et donc à tous. De la collection de timbres à l'armoire centenaire : votre grenier recèle des trésors insoupçonnés. Dailyconso a interviewé Patrice Paquet, crieur de ventes aux enchères à Drouot. Il est chargé de vendre au meilleur prix les biens dont vous ne voulez plus.

Dailyconso : En quoi consiste le travail du commissaire-priseur auprès des particuliers ?

Patrice Paquet : Le commissaire-priseur intervient auprès des particuliers pour les aider à évaluer leurs biens dans le cadre d'une succession ou d'un partage. Mais également pour leurs permettre de vendre leurs biens (appelés lots) lors de ventes publiques, les particuliers n'ayant pas accès à celles-ci sans commissaire-priseur. De l'expertise à la vente, les particuliers ne se chargent de rien et le risque qu'ils se fassent flouer est nul. Faire appel aux services d'un commissaire-priseur est donc l'assurance d'une vente qui se fera dans les meilleures conditions.

Dailyconso : Nous avons tendance à nous débarrasser de ce que l'on ne veut plus chez un antiquaire ou un brocanteur. Quel est l'avantage, pour un particulier, de faire appel à un commissaire-priseur ?

Patrice Paquet : Le principe même de la vente publique, qui est une vente aux enchères, est contraire à celui des antiquaires et des brocanteurs. Chez ces derniers, le client revoit toujours le prix à la baisse. Le particulier qui a vendu son bien à un brocanteur ou à un antiquaire est généralement déçu du prix de la vente. Alors que dans les ventes aux enchères, le client ne peut que surenchérir, revoir le prix à la hausse. Le particulier qui a confié la vente de son bien à un commissaire-priseur peut alors avoir une très bonne surprise !

Dailyconso : Quelles sont les démarches à effectuer pour un particulier qui souhaite vendre les perles de son grenier aux enchères ?

Patrice Paquet : En France, quasiment toutes les villes ont leur société de ventes. A Paris, il en existe une centaine. Pour savoir quelle société de ventes est spécialisée dans les biens que vous voulez vendre, vous avez 2 possibilités : soit acheter l'hebdomadaire La Gazette Drouot, soit vous rendre directement à Drouot. Cette dernière possibilité est de loin la meilleure. Car en vous rendant directement à Drouot, vous pouvez assister aux ventes et jeter votre dévolu sur un commissaire-priseur que vous avez aimé, ou alors vous laisser guider par les conseils du bureau Drouot-Estimations.

Dailyconso : Comment se déroule l'expertise d'un grenier ? Est-elle payante ?

Patrice Paquet : Il faut compter entre 2 et 4 heures pour expertiser une maison entière. Mais pour un grenier, 30 minutes suffisent. Le commissaire-priseur intervient pour sélectionner les biens qui pourront être vendus et pour faire une estimation de chacun d'eux. Quoi qu'il en soit, un bon commissaire-priseur farfouille, car les biens que le particulier pensait jeter sont souvent ceux de valeur !

L'expertise est gratuite lorsqu'elle aboutit à une vente. Elle est cependant payante lorsque le particulier ne souhaite pas vendre mais seulement connaître le montant du contenu de son grenier. Dans ce dernier cas, le prix dépend de 2 choses : du temps que le commissaire-priseur passe dans le grenier et du temps qu'il passe ensuite à rechercher la valeur des biens qu'il connait mal. Le commissaire-priseur n'a pas la science infuse !

Dailyconso : Quels sont les biens les plus vendus ?

Patrice Paquet : Incontestablement le mobilier courant ! Mais pas n'importe lequel : les ventes aux enchères sont elles aussi soumises aux diktats de la mode. Le mobilier classique est peu demandé (sauf lorsqu'il s'agit d'un lot d'exception), alors que le mobilier design et contemporain part comme des petits pains. Et dans cette dernière catégorie, pas de surprise, ce sont les tableaux qui sont vendus les plus chers.

Mais que les particuliers se rassurent : tout est vendable. Même les petits lots, regroupés par 20 ou 30 afin de constituer un seul et même lot pouvant se vendre une centaine d'euros.

Dailyconso : La part du particulier est-elle définie au préalable ou dépend-elle de l'enchère ?

Patrice Paquet : Il n'est par rare, par exemple, de voir un objet d'art chinois estimé à 50 000 euros atteindre le million, 20 fois son estimation ! A l'inverse, les biens non-vendus sont récupérés par le particulier. C'est la raison pour laquelle la part du particulier n'est pas définie à l'avance. Meilleure est la vente et meilleure est le gain du particulier. Sachez d'ailleurs qu'une partie de la vente revient à la société de ventes. Cette part correspond le plus souvent à 10 ou 20 % du prix de la vente, à fixer selon la nature du bien.

Dailyconso : Quels conseils donneriez-vous aux particuliers qui souhaitent faire appel à un commissaire-priseur ?

Patrice Paquet : De prendre le soin de choisir un commissaire-priseur en qui ils ont confiance et avec qui le courant passe bien. Lors de l'expertise, si le commissaire-priseur survole votre grenier au lieu de le farfouiller, c'est qu'il n'est pas compétent. Un bon commissaire-priseur est un professionnel et ça doit se sentir. Il vous conseille, vous renseigne sur les objets et sur les gains potentiels. Nombreux sont ceux qui, au lieu de choisir une société de ventes, choisissent directement un expert qu'ils ont vu lors d'une vente à Drouot. C'est une excellent idée car c'est un métier de contact où le rapport humain est très important, pour ne pas dire primordial.

M.R