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DSK, le FMI et les suites à $3.000

Publié le 16 mai 2011 par Copeau @Contrepoints

Dominique Strauss-Kahn ne sera donc sans doute pas le prochain Président de la République française. La police new-yorkaise l’a arrêté dans son vol Air France samedi 14 mai, après qu’une femme de chambre a porté plainte contre l’icone socialiste pour agression à caractère sexuel qui aurait eu lieu en milieu de journée. Il est désormais inculpé, et plaidera non coupable selon ses avocats. Que DSK ait visiblement des difficultés à contrôler ses hormones est évidemment problématique, surtout pour un homme que les sondages plaçaient déjà comme futur gagnant des prochaines présidentielles. Mais l’information intéressante, que l’on pouvait trouver sur le site du New York Times, est sans doute que la scène s’est passée dans la suite luxueuse d’un hôtel Sofitel de la 44ème avenue, à $3.000 la nuit.

DSK, le FMI et les suites à $3.000

(Dessin de presse : René Le Honzec)

Cela en dit long sur deux éléments possibles, en fonction de qui a payé cette chambre luxueuse. D’abord, dans l’hypothèse où DSK a sorti les deniers de sa poche, sur la cohérence de certains socialistes dans leurs principes. Deuxièmement, dans l’hypothèse où c’est le FMI qui a payé cette somme, sur le train de vie de ces agences internationales donneuses de leçons et financées avec des deniers publics.

Gauche caviar

Comme François Hollande qui pouvait déclarer en 2006 « je n’aime pas les riches », les socialistes en France se disent souvent proches des pauvres. On s’attend donc de leur part à un comportement exemplaire, pour contraster avec le « bling-bling » de certains. DSK lui-même s’était livré à un exercice de « passage de conformité populaire » dans un documentaire de Canal+ diffusé en mars 2011 sur le patron du FMI : on le voyait dans une chambre d’hôtel fort modeste, prenant lui-même soin de son costume en le pendant au-dessus de la baignoire d’eau chaude pour le défroisser. Presque touchant : l’image d’un homme finalement proche du peuple, économiste demandant aux autres d’économiser mais économisant lui-même. Un modèle en somme. Le trait était tellement grossi qu’il ne pouvait que susciter le doute : DSK préparait-il sa campagne ?

Car la réalité est évidemment moins rose, comme le montre le coût de cette suite new-yorkaise. Déjà début mai 2011, la photo du couple DSK-Sinclair entrant dans une luxueuse Porsche Panamera S d’un ami devant leur domicile de la non moins luxueuse place des Vosges avait fait jaser. Et on connaissait le goût de DSK pour les costumes hors de prix. Les socialistes qui veulent incarner la France populaire ont visiblement du mal à ne pas s’éloigner du peuple : pas « populo » mais bien « people ». La gauche caviar (ou désormais la « gauche Porsche ») n’est pas qu’un mythe. Pour beaucoup de socialistes, la pauvreté mérite la compassion, mais « de loin », et, point important, avec l’argent des autres : c’est toujours plus simple. Les principes mêmes de nombreux socialistes sont donc trahis dans leurs actes.

Le FMI travaille pour vous

Si la luxueuse suite de DSK est payée par le FMI, le problème est tout aussi grave. On peut comprendre qu’un fonctionnaire international de premier rang ne descende pas à l’hôtel Formule 1 du coin. Toutefois, entre une chambre à $50 et à $3.000 il y a de la marge, même à New York. Là encore, la problématique du respect des principes est (ou plutôt devrait être) au centre du débat. Le FMI, dont la fonction officielle, faut-il le rappeler, a cessé avec la fin du système de Bretton Woods en 1971 (démontrant ainsi son étonnante capacité à survivre en tant que bureaucratie), est le porte-étendard de la rigueur budgétaire. En 2008, alors qu’il était au bord du gouffre financier, son budget a été quasiment triplé. Alors que le FMI sermonne (à juste titre) à longueur d’année les pays aux gouvernants irresponsables, on s’attendrait à ce qu’il pratique lui-même la rigueur dans ses propres dépenses de fonctionnement.

Les bureaucraties internationales non supervisées par nos processus démocratiques sont des foyers de croissance incontrôlées des dépenses. Avec l’argent de nos impôts. L’argument n’a rien de poujadiste : tout comme le FMI insiste sur la responsabilité des gouvernants, il faut insister sur la responsabilité des décideurs de ces bureaucraties qui disent travailler pour le bien public. Dans les « Nababs de la pauvreté », Graham Peacock critiquait il y a déjà plus de vingt ans ces agences d’aide, notamment au sein des Nations Unies, extrêmement généreuses à l’égard de leurs propres employés en termes de billets première classe, chambres d’hôtel luxueuses et autres frais de représentation astronomiques. Et tout aussi peu regardantes quant à l’efficacité réelle de leurs missions… Il serait peut-être temps que la transparence soit imposée, pas seulement à Athènes mais aussi à Washington où siègent Banque Mondiale et Fonds Monétaire International.

À côté des implications pour le futur de la politique française de cette nouvelle « affaire DSK », les médias feront sans nul doute également leurs choux gras sur son côté scabreux. Pourtant le comportement inadmissible et condamnable d’un homme de pouvoir vis-à-vis d’une femme de chambre un jour ne doit pas occulter le comportement dispendieux quotidien, inadmissible et condamnable, de centaines d’hommes et de femmes de pouvoir, avec de l’argent qui devrait être affecté à la promotion de l’intérêt public.

Article paru originellement sur UnMondeLibre.org.


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