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Pouvoir : pour moi ce sera avec demi-dose de testostérone, svp, c’est possible ?

Publié le 16 mai 2011 par Corinne Dangas

Il m’arrive, dans certains moments (rares et extrêmes, s’entend :D ) de questionnement existentiel, de trouver très improductif et vain le fait d’avoir à régulièrement gérer et réparer les excès de certains hominidés : ceux qui sont convaincus que la plus grande des victoires qu’ils puissent remporter dans la vie communautaire, politique ou d’entreprise, est de parvenir par la seule grâce de la puissance vocale, hormonale ou financière, à transformer les « non » en « oui », à imposer raison quand ils savent être en tort, à s’arranger avec le gauche quand le droit leur fait défaut, à entraîner leurs talents footballistiques en dégageant en touche leur responsabilité quand ils devraient l’assumer, et à s’exercer avec grande application et par salves régulières à détruire le monde qui les environne.

Et l’actualité politique semble aussi vouloir y aller du sien. Du machisme intolérable et revendiqué de Berlusconi (ici sur Rue89 « ce sont les hommes qui sont salis« ) aux liaisons dangereuses de Strauss-Kahn (ici la romancière Tristane Banon chez Ardisson en 2007) en passant par la constante et toujours opportune exhibition carli-matrimonialesque de Sarkozy, il n’est pas question ici d’être partisan, mais simplement, on se prend à rêver d’un monde où la politique (ne) serait (que) de la politique. Avec juste un tout petit peu moins de testostérone.

Et donc une plus grande proportion de ses dignes représentants qui serait dotée, au choix : d’une féminité manifeste, d’une masculinité plus discrète, ou d’une conscience un peu plus élevée du niveau exact où placer le sens des responsabilités lorsqu’on fait le choix du pouvoir. Vis-à-vis de l’intérêt général. (donc, entre autres, celui des femmes.)

Puis je me reprends. Je m’oblige à réfléchir, à remettre en cause mon manque de tolérance et mes amalgames, et à dépasser, que dis-je, transcender, ces épisodiques excès de « ras-le-bol » indifféremment et injustement dirigés vers la gent masculine !

:)

Des différences comportementales qu’un traitement égalitaire ne suffit pas à compenser

Un récent numéro de Cerveau et Psycho (Pour la Science) se consacrait aux études réalisées  sur les différences entre le cerveau féminin et le cerveau masculin, du point de vue de la biologie et notamment du rôle de la testostérone dans les conduites de dominance, et du point de vue comportemental et social.

Je ne vais bien sûr pas le détailler ici, mais simplement vous mentionner ces deux exemples, intéressants parce qu’ils mettent en cause nos modes d’action en faveur de l’égalité hommes – femmes dans les organisations et le système éducatif.

1) Economie du pouvoir et perception de la confiance en soi

Le premier souligne les malentendus liés aux modes respectifs d’expression du pouvoir, des femmes et des hommes.

L’exemple pris est celui d’une femme s’adressant à un subordonné avec des précautions oratoires (« Pourrais-tu stp me rendre un service en allant chercher (…) ? ») : elle sera perçue par un homme comme ne se sentant pas sûre d’elle ou de son droit à faire cette demande. En réalité, c’est le contraire : connaissant parfaitement son autorité, elle n’éprouve précisément pas le besoin de l’afficher ostensiblement, ce qui peut froisser, a fortiori pour un détail. Mode d’exercice du pouvoir que je qualifierais « d’à l’économie ».

Les hommes analysent comme un manque de confiance en soi, voire de compétence, certains modes de communication des femmes, y compris lorsqu’ils expriment l’inverse. Là où les femmes interprètent les discours masculins plus directs et dominateurs, comme trahissant… un manque de confiance en soi ! (mode d’exercice du pouvoir plus « dépensier »)

2) Résistance à l’échec et érosion de l’égalité de traitement

Les études montrent chez les hommes un goût de la concurrence, un sens de la hiérarchie et une tendance à se surévaluer plus exacerbées (rappelons qu’il s’agit seulement de moyennes statistiques), ainsi surtout, qu’une plus grande tolérance à l’échec.

Prenons le scénario de campagnes de recrutement pour un poste, avec au départ en compétition 5 hommes et 5 femmes. A l’issue de la 1ère campagne, une femme obtient le poste. L’une des candidates face à la déception, renoncera à tout espoir de promotion ultérieur. Lors de la campagne suivante, un homme est recruté et une autre candidate écartée abandonne alors elle aussi définitivement. Les hommes eux, vont persévérer et retenter leur chance.

Ainsi lors de la 3e campagne, alors même que les recrutements auront été équitables (un homme, une femme) il ne restera que 2 femmes en compétition, pour 4 hommes. La moindre résistance à l’échec des femmes et leur propension à se remettre en cause là où les hommes ne se laissent pas décourager, altère progressivement l’égalité initiale.


Ce sont des statistiques : les efforts doivent être portés vers des individus, pas vers des moyennes, et la différenciation entre l’inné et les acquis est particulièrement épineuse à faire, et un sujet délicat.

Mais ils soulignent l’importance qu’il y a à connaître et identifier ces mécanismes : les modes d’action à engager pour les compenser en milieu professionnel, ne sauraient valablement reposer à l’heure actuelle sur un simple traitement « égalitaire », mais bien plutôt sur des actions de développement comportemental, pertinentes et différenciées, en particulier en matière éducative. (toutes les études réalisées en milieu scolaire confortent d’ailleurs cette nécessité d’un équilibrage.)


Pouvoir : pour moi ce sera avec demi-dose de testostérone, svp, c’est possible ?

Tags: egalité, égalité féminine, femmes, hommes, management, organisation sociale, sciences sociales, société

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