Thierry Crouzet a puissamment théorisé le flux en terme d'information, de production d'information, d'interdépendance, et en a tiré un essai "propulseur dans le flux", qui n'est pas sans rapport ce dont nous allons traiter ici.
Qu'est-ce qu'un flux ? En physique un flux ou débit instantané est déterminé comme étant une dérivée quantitative de matière ou d'énergie traversant une section d'un volume donné.
On peut donc définir une mesure de flux pour un cours d'eau comme une fontaine ou un fleuve, comme étant la quantité d'eau qui passe par seconde via une coupe de surface, par exemple en m³/s.
Il s'agit donc d'une quantité dynamique, qui est une dérivée par rapport au temps.
Un autre type de flux est la Loi de désintégration radioactive. Tout atome existant dans l'Univers a une période de vie limitée, et finit par se désintégrer. On peut définir pour un cube de matière donné constitué d'atomes de même nature, le flux, ici un débit négatif, qui mesure combien d'atomes de ce cube disparaissent par unité de temps.
Ce qui dans ce cas est proportionnel au nombre total d'atomes présents dans le cube à ce moment là :
dN/dt = -c.N
Nous voyons là deux types de flux très différents, l'un dans l'espace-temps, défini par un déplacement instantané dans l'espace, l'autre dans le temps, défini par un taux instantané de désintégration.
Qu'en est-il des hommes ? Les hommes sont constitués en sociétés. Si l'on prend une société donnée, comme la société Française, ou la société Allemande, nous pouvons aussi repérer un flux. En effet à chaque instant des hommes meurent, comme dans le cas de notre précédent cube radioactif. Et comme pour les éléments à durée de vie finie, la mort des hommes est une Loi statistique, qui se mesure sous le nom de "taux de mortalité", donc un taux négatif, relativement stable sauf événements brutaux de type guerre, catastrophe, ou épidémie.
Mais dans le même temps des hommes naissent, ce qui constitue aussi un taux, positif cette fois, et qui, selon le différentiel d'avec le taux de mortalité conduira à une augmentation ou une réduction de la population sur le long terme.
Le flux humain peut donc être analysé comme un double flux de nature temporel, avec un taux négatif pour les morts, et un taux positif pour les naissances. Ce double flux a des variations à la hausse comme à la baisse conduisant à un modèle de cylindre à taille variable qui dépérit et se régénère en permanence.
La succession des clichés instannés de cette société humaine conduit donc à la définition d'un tube spatio-temporel, dans lequel l'individu évolue selon un cylindre détachable de hauteur égale à l'espérance de vie moyenne des individus = environ 80 ans pour l'Europe.
N'importe où que l'on se place le long de ce tube, où l'on définit le présent, la longueur temporelle de 80 ans nous donne la distance temporelle maximale à laquelle la section qui représente la population a été quasiment totalement régénérée. C'est le volume spatio-temporel où se déroule la vie de chaque individu. Pour voir votre propre volume de vie, vous devez prendre pour origine temporelle la section correspondant à votre date de naissance. Votre lieu de naissance étant à trouver sur la surface du cylindre (qui peut-être représentée par votre pays, ou par un planisphère selon l'importance des déplacements que vous avez effectué), votre vie humaine consiste alors en un filament limité ayant un début et une fin, au sein du cylindre de hauteur 80 ans ainsi défini.
Qu'en est-il alors de l'arrivée de nouveaux citoyens naissant "libres et égaux en droit" ? Qu'en est-il de la croissance de l'économie au sein de ce tube sur le long terme, et de la croissance de la masse monétaire censée en représenter les échanges sur le long terme ?
L'économie croît, la masse monétaire croît. Nous sommes devant un flux de croissance, consistant en une augmentation globale par ajout et amélioration successives du flux humain qui se transmet de proche en proche l'éducation, les savoir-faire, les propriétés, mais aussi et surtout, ajoute à chaque étape sa part de créativité et d'inventivité, d'autant plus incommesurable qu'elle s'appuie à chaque instant sur ce qui a déjà été créé et inventé.
Cette part de créativité et d'inventivité, pur flux informationnel est le plus souvent non valorisé monétairement par un oubli remarquable, conduisant ainsi à des paradoxes qui font que 90% d'internet fonctionne avec des logiciels, et des oeuvres, libres dont les créateurs ont donné les droits à tous. Mais alors même que libre ne signifie pas gratuit, il est impossible de marchander ces valeurs incommensurables alors même que ce qui en fait la valeur ajoutée, est justement la liberté d'accès, de reproduction et de copie, qui en font des outils universels, dont les produits se retrouvent dans la totalité des valeurs monétisées.
Mais comment cette nouvelle génération d'hommes nés libres et égaux, en mesure d'apporter toute sa part de créativité, d'inventivité, sur la base de sa propore liberté, et de son propre droit à la propriété, peut-elle s'exprimer ? Quel outil permet cet accès libre aux ressources présentes, respectant la non-nuisance à autrui, et donc la liberté ?
La monnaie permet cela. La monnaie est cet outil particulier de l'économie qui permet de faire des échanges universels au sein de la communauté qui l'a adoptée pour justement permettre cette fluidité. Mais comme la vie humaine est limitée, la part de monnaie dévolue à chacun, basée sur sa part de créativité et d'inventivité, ne peut qu'être limitée.
Pour autant cette limitation ne doit pas dépendre de tel ou tel positionnement au sein du flux, et respecter la liberté d'autrui au même instant. Ce doit donc être une part indépendante du temps qui dépend de la masse monétaire "m" existante et du nombre de citoyens N :
dm/dt = c/N.m
Une Loi de flux qui trouve son équivalent dans quantité de systèmes dynamiques.
Son application numérique conduit à la définition non-arbitraire d'un Dividende Universel dévolu à chaque citoyen.