Le Monarque s'explique sur son refus, prévisible, de voir le film qui est consacré à sa conquête du pouvoir en 2007.
C'est l'une des meilleures pub qu'on puisse faire au film.
Extraits.
Binaire
« Je n'ai décidément pas envie de voir La Conquête. En général, je ne lis pas ce qu'on écrit sur moi. Parce que je ne suis jamais content. Si c'est critique, je trouve ça injuste ; si c'est laudateur, ça ne l'est jamais assez... Alors, est-ce la peine ? »
Relisez : Sarkozy ne supporte pas la critique, ni le compliment, sauf quand il est extrême.
Enervé
« Et ne me parlez pas de films anglais récents sur des personnages politiques vivants, tels ceux de Stephen Frears sur Tony Blair ou Gordon Brown : ils ne s'attaquaient pas à leur vie privée, comme on me dit que c'est ici le cas. Et sans avoir fait pour moi la moindre enquête préliminaire...» Nicolas Sarkozy s'affiche cinéphile. Il lui manque quelques films politiques au compteur, comme ce portrait de George Bush, par Oliver Stone, sorti en 2009, bien centré sur le parallèle vie privée/vie publique. Gordon Brown n'a fait l'objet d'aucun film biographique. Et Tony Blair n'a jamais exhibé sa vie privée comme Nicolas Sarkozy.
Fou
« Comme vous le savez, mon existence a changé depuis cette période, c'est aussi par respect pour ma femme, Carla, que je ne verrai pas ce film. Pour protéger ma santé mentale, enfin. Le narcissisme n'est jamais la bonne solution, et trop de narcissisme rend fou. » Nicolas Sarkozy reconnaît une extrême fragilité psychologique : selon lui, voir ce film pourrait atteindre sa santé mentale. La remarque est hallucinante. Au passage, il ressort son couplet de 2007 (« J'ai changé »). Et on notera que sa femme a annoncé qu'elle irait voir le film...
Exagéré
« Je vois entre cent cinquante et cent quatre-vingts films par an. (...) J'ai du retard à rattraper...» C'est l'une des parts importantes du story-telling politique du moment. Nicolas Sarkozy, grâce à Carla, se cultive en regardant beaucoup de films. Franz-Olivier Giesbert, dans son portrait de Nicolas Sarkozy de 2005-2011, expliquait combien il avait été impressionné par la culture littéraire du Monarque. Il lit énormément, regarde des centaines de films. Et quand gouverne-t-il ?
Halluciné
« Vous savez, chaque acte dans la vie d'un président est une forme de création. » Nicolas Sarkozy n'a pas de limites. Son narcissisme non plus. Cette petite phrase détonne avec la tentative de paraître modeste et présidentiel depuis plusieurs mois. Finalement, le Monarque se voit toujours artiste.