Formation (3/3) : Réflexion et débat à propos de l’éthique et de la déontologie de l’écrivain public bénévole

Par Plumesolidaire

Programme / 4ème session

Samedi 7 mai de 10h00 à 12h00

« Réflexion et débat à propos de l’éthique et de la déontologie
de l’écrivain public bénévole »

Xavier Péron – AIDEMA 19

V – Eléments pour un code de déontologie pour AIDEMA 19

Si nous décidions à l’avenir d’élaborer une Charte, un Code de déontologie, nous aurions sans doute à prendre en considération des principes couramment appliqués dans les autres métiers qui fixent les droits et les devoirs de leurs praticiens.

1.   Principes généraux


  

De différents code de déontologie nous pouvons adopter certaines prescriptions générales telles que :

- la loyauté envers l’association : respect de ses statuts, de ses membres, de ses usagers et des confrères…

- l’intégrité

- l’impartialité (jusqu’à quel point ?)

- porter aide et assistance (dans quelles limites ?)

- obligation de réserve

- respect du secret professionnel

Là où nous nous différencions, c’est que nous ne prévoyons pas de sanction disciplinaire en cas de manquement à ces règles. Sans doute parce que nous n’en ressentons pas actuellement la nécessité.

Par contre si nous regardons le code de déontologie de la Police Nationale, nos valeurs et principes nous conduisent à ne pas respecter l’une de ses missions qui est : la Maîtrise des flux migratoires et la lutte contre l'immigration illégale !

2.   Principes propres à notre activité d’écrivain public d’AIDEMA 19

Mission : but de l’association : «  aider gratuitement les personnes dans les démarches administratives et leur fournir des écrivains publics pour la rédaction de leurs courriers et formulaires » (Article 2 des statuts – Objet)

 

Rôle :

 

 ·   -  Nous sommes un intermédiaire détenteur d’un savoir par l’écrit entre un usager et un destinataire (nous écrivons à une personne ou un service)

·

No- Notre courrier représente l’usager (nous écrivons à sa place)

Les principes auxquels nous devons nous conformer au sein d’AIDEMA 19 à l’égard des usagers et entre nous consistent à :

- Assurer la qualité de l’accueil, de l’écoute et de respect de la personne (ex de situations pénibles : personne énurétique, enfant agité, personne délirante…)

- Veiller à la compréhension de la démarche : s’assurer que nous avons bien compris la demande de l’usager (reformulation, demande d’informations complémentaires)

- Etre vigilant sur la légitimité de la démarche : pour la personne, pour des tierces personnes, pour l’écrivain public, dans le cadre des modalités prescrites par le destinataire ?

- Vérifier la pertinence de la démarche demandée et son adéquation avec l’objectif (ex : résiliation

de contrat de mutuelle), et proposer une solution adaptée pour résoudre le problème (autrement dit Est-ce la bonne démarche pour atteindre le but fixé ?

·   - Associer l’usager à la démarche (relire le courrier et demandez l’approbation/validation) : l’usager doit demeurer maître d’ouvrage de sa démarche et l’écrivain public le maître d’œuvre dans un esprit de co-réalisation

·   - S’intéresser au résultat attendu et au suivi de la démarche

 

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Les règles que nous devons observer la plus rigoureusement que possible :

 

 

·   - Représenter dignement l’usager : savoir écrire correctement (représentation)

·   - Réunir les conditions pour réussir la démarche (efficience) : faire ce que je sais faire ou solliciter les compétences internes ou externes (savoir-faire)

·   - Ne pas porter préjudice à un tiers (responsabilité morale)

·   - Maîtriser le temps de l’entretien, et acquérir la capacité  à faire respecter les règles (équité)

·   -  Ne pas conserver de courrier sur le bureau de l’ordinateur (règle de confidentialité)

·   -  Se conformer aux statuts de l’association (Obligation légale)

VI – Conclusion

En l’absence de code de déontologie, chacun d’entre nous est renvoyé aux valeurs qui structurent son éthique, et par voie de conséquence à sa conscience individuelle et à sa responsabilité personnelle (en particulier vis-à-vis de l’association), et à l’analyse de sa propre expérience pratique.

A chacun d’entre d’examiner librement comment  faire évoluer sa pratique d’écrivain public pour en tirer un plus haut niveau de satisfaction personnelle (valeur partagée).

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Dans ma conception de notre mission et de la place que j’attribue aux bénévoles et à  l’équipe, je suis convaincu que ce qui doit nous différencier du professionnel et du secteur concurrentiel ce sont des principes :

·  De respect de la liberté individuelle de s’engager/de se désengager, de s’investir librement

·   L’ouverture à toutes les candidatures bénévoles dans le respect des savoir-faire de chacun (avec un minimum de pré requis : savoir écrire une lettre convenablement, exprimer un désir d’ouverture à tous les usagers et un désir d’insertion dans une équipe)

·   Le désir – non contraignant - de se former, en particulier par le partage des savoir-faire et des compétences dans un esprit de confiance (principe de mutualisation)

Tel est à mon sens le cadre des principes et des règles que nous pouvons adopter pour approcher ce que nous pouvons attendre de mieux en termes d’épanouissement personnel pour réaliser note objectif(statutaire) de service bénévole et désintéressé d’écrivain public.

Je crois qu’au fond, ce cadre définit à la fois une grande liberté par sa souplesse, et des limites dans ses contraintes, qui sont la condition de notre évolution vers une plus grande culture de la responsabilité individuelle et collective par le développement du libre-arbitre de chacun au service des usagers.

Xavier Péron,

Bénévole écrivain public *

* Définition de notre statut selon l’Académie des Ecrivains Publics de France, par opposition à l’écrivain public professionnel de l’AEPF qui s’interdit le bénévolat.

Source : intervention de l’AEPF en première partie de session