La musique la peinture la sculpture la danse le théâtre m’inspirent pour écrire. Les créateurs surtout. Leur démarche. Je lis beaucoup de biographies. Dans la vie des créateurs il y a toute l’œuvre en substance. On a dit que la forme de La Dévorante empruntait au cubisme. Je suis d’accord. L’histoire est dévoilée en éclats. Chacun des 95 fragments (dé)compose l’image figée que la narratrice a d’elle-même. Comme pour ces femmes assises de Picasso.
Quel est l’auteur dont vous avez lu tous les livres?
La liste est longue. Je n’arriverai pas à choisir. Quand j’aime un auteur je lis tout. Ça commence au collégial avec Balzac et Albert Camus. Après il y a Anne Hébert Anaïs Nin Simone de Beauvoir Marie Cardinal Marguerite Duras Tahar Ben Jelloun Christian Bobin Esther Croft Jacques Poulin Dany Laferrière. Je suis boulimique de lecture.
Avez-vous fait lire votre manuscrit à des proches avant sa publication?
Je veux bien les nommer ici parce que j’ai oublié de les remercier dans le livre. Pierrette Denault et Bruno Lemieux. Sans eux j’aurais avorté encore une fois. Ils m’ont lue au quotidien cet été-là. Ils ont calmé mes angoisses. Fait taire le Grand Doute. Le temps d’en finir avec les pages à écrire. Je travaille en ce moment un deuxième roman. Je dois me faire violence. Pour ne pas abuser de leur gentillesse encore une fois.
Qu’est-ce que l’écriture vous apporte? Quelle est sa place dans votre vie?
L’écriture donne un sens à ma vie. J’ai besoin d’écrire. Je ne peux pas passer une journée sans le faire. Toujours il y a des phrases qui s’écrivent dans ma tête. Enfant j’avais l’impression que ma vie était un film j’étais vue à l’écran. Plus tard j’ai commencé à tenir un journal intime. Pendant des années je n’ai pas su faire la différence entre vivre et écrire. La vie est un roman il me semble. La mienne en tout cas. Dans ses Lettres à un jeune poète Rainer Maria Rilke pose cette question essentielle devriez-vous mourir s’il vous était interdit d’écrire. Ça a été longtemps ma seule certitude.
Y a-t-il une citation que vous pourriez considérer être comme votre maxime?
Rilke toujours. Cet extrait que je peux réciter de mémoire. « Un an ne compte pas : dix ans ne sont rien. Être artiste, c’est ne pas compter, c’est croître comme l’arbre qui ne presse pas sa sève, qui résiste, confiant, aux grands vents du printemps sans craindre que l’été ne puisse pas venir. L’été vient. Mais il ne vient que pour ceux qui savent attendre, aussi tranquilles et ouverts que s’ils avaient l’éternité devant eux. Je l’apprends tous les jours au prix de souffrances que je bénis : patience est tout. »
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui ont l’ambition d’écrire et aimeraient être publiés?
Un an ne compte pas. Dix ans ne sont rien. Il faut savoir compter avec le temps. Patience est tout. Et ne jamais se laisser décourager. Je l’apprends tous les jours au prix de souffrances que je bénis. Écrire ce n’est pas une partie de plaisir. Même si c’est bon. Les heures assises devant l’écran sont exigeantes. Comme le disait Boileau Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage. Le texte n’est jamais fini. Même si la publication est une belle récompense il n’y a jamais rien de gagné. Un nombre considérable d’œuvres sont publiées chaque année. Être lue par quelqu’un de parfaitement inconnu pour moi c’est ça le vrai miracle. J’étais loin de me douter que j’y prendrais goût autant.
Cette dame pétillante et toute en franchise, c'est Lynda Dion, notre Recrue du mois de mai. Lucie Renaud lui a proposé 40 questions, elle a choisi ces 6 ci-dessus. Et en plus d'avoir écrit La Dévorante et d'être déjà attelée à son deuxième, imaginez-vous, elle a une vie :-) ...
... habite les Cantons-de-l’Est, où elle enseigne le français. Elle est également fondatrice du concours littéraire Sors de ta bulle! qui, chaque année, permet à de jeunes lauréats du secondaire de publier une première oeuvre.Ma critique de La Dévorante demain, mais si jamais vous ne pouviez attendre jusque là, nous sommes le 15 du mois ...