Fonds d'ecran - Alone in the dark

Publié le 07 février 2008 par Benjamin Mialot
J'ai bien apprécié I Am Legend. Voilà, je l'ai avoué, cela va peut-être torpiller la maigre crédibilité de cet espace, mais c'est comme ça. Pourtant, en sachant que Francis Lawrence, réalisateur de l'infâme Constantine (dommage, le comic-book est excellent), était derrière la caméra et Will Smith devant, le tout pour une adaptation d'un roman classique de la science-fiction signé Richard Matheson, il y avait de légitimes raisons de se ronger les ongles jusqu'à ne plus être en mesure de s'épiler manuellement. A tort, puisqu'en dépit des mauvaises habitudes hollywoodiennes et du fossé entre le bouquin et le film, I Am Legend est plus que regardable.
Fait communément admis : ce portage est à mille lieux du matériau d'origine, éclipse sa dimension réflexive et plie aux canons de l'industrie du septième art ce récit du dernier homme en vie dans un New-York post-apocalyptique, dépeuplé par une épidémie sans précédent, les contaminés étant désormais plus proches de vampires que d'humains. Ce n'est toutefois pas le plus dommageable, le propre d'une adaptation étant, je crois, d'adapter justement et non de reproduire. En revanche, entre l'ajout d'un fidèle toutou, aussi bien dressé soit-il, la représentation des infectés en de grotesques Golum hurleurs et le final héroïque qui clôt le scénario, la démarche édulcore de trop une production qui, sur bien d'autres aspects, mérite le détour.
A commencer, comme pour 30 Days of Night, son postulat de départ, génial, qui permet au réalisateur de pondre de superbes plans d'une Big Apple déserte, envahie par la végétation et les animaux sauvages, inquiétante quand le soleil se couche et que les autochtones à l'appétit féroce sortent de leur tanière. Ce qui n'est pas sans rappeler la beauté sépulcrale de Londres dans le 28 Days Later de Danny Boyle, vraisemblablement inspiré par le même livre pour son point de départ (ou alors c'est une foutue coïncidence). Autre bon point : Will Smith (ben oui), à mille lieux du cabotinage qui le rend habituellement si pénible (comme dans le tout aussi sympathique I, Robot) et relativement intéressant dans son rôle de survivant un brin délirant, qui parle aux mannequins artificiels, cultive ses légumes, chope des disques dans les boutiques abandonnées, se barricade à la nuit tombée et travaille en sous-sol à la découverte d'un remède contre le mal qui a sévit. De fait, entre sa prestation et le cadre qui lui est offert, le film baigne dans une atmosphère aussi captivante qu'angoissante, jusqu'à ce que déboule les cannibales nyctalopes et que la marche vers le semi-happy end ne puisse plus être stoppée. Dès cet instant, I Am Legend devient un blockbuster presque comme les autres. Sauf que le "presque" fait la différence.


I Am Legend (Warner Bros. Pictures) - 2007
Verdict du Père Siffleur