Depuis quelques années, je m’inquiète pour le rock anglais. Entre lourdeurs et clichés, il peine à évoluer contrairement à son cousin d’outre-Atlantique qui a su rebondir après le dictat imposé par le succès du revival rock du début des années 2000 mené par les Strokes. Bien sûr, quelques groupes échappent à la règle comme la surprise XX ou Wu Lyf pleins de promesses qui, on l’espère, se concrétiseront avec leur premier album à venir en juin. A côté de ces mastodontes, il y a pourtant quelques exceptions plus discrètes dont Wild Beasts en fait partie. Auréolé d’une nomination au Mercury Prize, la consécration n’est pas encore arrivée pour ces quatre Anglais. Pourtant, avec trois albums et trois réussites il serait temps que le succès commercial frappe à leur porte et Smother pourrait bien sonner le début de la reconnaissance.
Encore une fois, Wild Beasts réussit sur toute la ligne un disque cohérent et surprenant. Faisant peur quelques secondes sur l’introduction de Lion's Share dû à la voix ampoulée de Hayden Thorpe, il suffit de l’arrivée du piano pour faire disparaitre tous nos doutes. La voix, parlons en… Elle sera sûrement le frein pour certains, d’un côté il y a celle de Tom Flemming, une jolie voix grave et assez classique et de l’autre, celle d’Hayden Thorpe. Ce n’est sûrement pas l’atout du disque, même si sa voix est impressionnante, il en joue beaucoup. Théâtrale à souhait il passe des graves aux aigus avec une aisance déconcertante jusqu’à en faire parfois un peu trop… Toujours à la frontière entre le ridicule et le sublime on penche pourtant ici pour la deuxième option. On est autant chamboulé par les refrains aigus d’Albatross que ses halements sur Bed Of Nails.
Les percussions qui avaient si bien marchés sur le précédent disque sont toujours là, empruntant aux rythmiques africaines elles se font cependant moins présentes, la voix restant la pièce maitresse de leur création. Cependant, le piano et les sonorités électroniques se font beaucoup plus présents, d’ailleurs on n’est nullement étonné d’apprendre qu’ils aient enregistré dans le même studio que Four Tet où l’on retrouve ce même goût pour les sonorités cristallines si fragiles mais si belles.
En ayant trouvé un juste équilibre entre théâtralisation de leur musique et justesse des arrangements, Wild Beasts ne tombe jamais dans le ridicule et réussit pour la troisième fois à écrire un disque à la beauté glaciale et mélancolique. On serait même tenté de le rapprocher à Ok Computer. Sans atteindre la même perfection, il a cette approche d’un rock atmosphérique, naviguant hors du temps… Depuis quelques années je m’inquiète pour le rock anglais, mais le pays de Kate & William (♥) garde encore quelques trésors qui ne cessent de briller malgré les années passées.
sortie le : 09 mai 2011
5 titres en écoute à droite.
Pour :
Indiepoprock
Nuage noir
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Couci couça :
La musique à Papa
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Contre :
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