Court roman ou longue nouvelle ? Peu importe. Claire Keegan décrit avec maestria le moment crucial où une fillette passe de l’autre coté de l’enfance. Un texte à la première personne qui met en scène des personnages taiseux dans une région où se disputent pauvreté sociale et traditions séculaires. Tout en subtilité, son écriture relève de l’esquisse. Un peu à la manière des impressionnistes, elle procède par petites touches successives jouant sur les contrastes et la lumière. Sa prose, très elliptique, se focalise sur les sensations, le ressenti par rapport à la nature, entre le bruissement des feuilles et le doux clapotis de l’eau.
Un récit lumineux, touché par la grâce, bouleversant de tendresse. Avec ce texte d’à peine cent pages, tout en retenu, où affleure une sensibilité d’une rare justesse, Claire Keegan m’a fait passer un moment de lecture inoubliable. A n’en pas douter, une des plus belles surprises de l’année 2011.
Les trois lumières, de Claire Keegan, éditions Sabine Wespieser, 2011. 100 pages. 14 euros.