LA GUEULE DE L'EMPLOI
Ce type est fou, je ne sais pas à quoi il carbure, mais qu'il n'arrête pas! Je parle de l'auteur, Vincent Wackenheim.
Déjà repéré et noté dans mes petits carnets avec La revanche des otaries, dès que j'ai su que son dernier roman était paru (via le billet de Mazel), j'ai foncé sans me poser de questions.
Des cadres seniors au chômage doivent suivre le stage de réintégration au monde professionnel organisé par Pôle Emploi. Au cours des sessions, pendant la pause déjeuner, les affinités se créent et l'idée de s'organiser en une sorte d''agence de consultants arnaqueurs voit le jour. C'est que le monde du travail trouve qu'ils n'ont plus la gueule de l'emploi, or les occasions de se faire du flouze en dehors des voies officielles ne manquent pas quand il s'agit de tromper son monde.
Voilà un thème d'actualité à première vue peu sujet à faire rire, mais l'auteur ne se gêne pas pour le détourner à sa sauce, en fantasmant sur un autre possible où tout serait rose et prétexte à la grande rigolade. En même temps, sous couvert d'un humour sarcastique, moqueur, vengeur, il pointe du doigt les failles du système qui s'assimile à un grand foutage de gueule général.
Férocement drôle, il a su exploiter son thème avec de bonnes répliques et des phrases qui claquent et s'égrènent à un rythme effréné.
Un extrait repris par l'éditeur pour donner une idée du ton:
"J'ai dit à ma femme, chérie, je me couche tôt, demain je vais à Activation-Motivation pour le travail de deuil, elle m'a répondu question travail tu ferais mieux de trouver du boulot, le banquier a encore appelé, ta mère aussi."
Egalement une phrase que j'aime beaucoup:
"Le bonheur, c'est quand le hasard a rendez-vous avec la chance."
Et mention spéciale à l'expression néologique: "le sourire 10h10"!
Alors bien sûr, des fois ça part en vrille, on est souvent à la limite du n'importe quoi, voire si on n'a pas dépassé les limites, les délires s'enchaînent à qui mieux mieux, l'auteur a une imagination folle et débordante qui ne semble pas connaître le bouton 'arrêt", mais c'est tout son charme!
J'ai eu un peu plus de mal avec le style ici cela dit, avec l'écrit façon parler qui n'est pas toujours évident à suivre dans le débit des événements qui se succèdent dans un rythme endiablé. Dès
le début, on est plongé dans le vif du sujet, et tout s'enchaîne sans qu'on n'ait vraiment le temps de respirer, on est comme aspiré en trombe, et du coup ça se lit très vite mais on peut se
sentir déboussolé par moment (en fait j'ai en tête une image des Benny Hill avec la musique quand tout le monde court en accéléré en file indienne
De même j'ai beaucoup moins ri qu'avec les otaries. Il faut dire que le sujet des otaries, c'était quelque chose!
Cela dit, ce fut un bon moment de lecture, bien divertissant et amusant, avec de bonnes trouvailles de l'auteur. J'ai adoré, par exemple, l'épisode où l'équipe de choc a dû intervenir à un salon du livre avec l'histoire de l'écrivain danois. Excellent ce moment!