- Le synopsis :
Après avoir tiré le prince Devoir des griffes des Fidèles du prince Pie et l'avoir ramené sain et sauf auprès de sa mère, au château de Castelcerf, Fitz, toujours dissimulé sous le nom de Tom Blaireau, croit avoir terminé sa mission. Il songe à regagner sa chaumière isolée pour y reprendre l'existence tranquille de ses quinze dernières années. C'est sans compter avec la reine Kettricken et son conseiller, Umbre, qui lui demandent instamment de rester pour enseigner l'Art au prince. Il accepte finalement cette nouvelle mission. S'y ajoute bientôt la charge de surveiller la délégation d'Outre-mer qui escorte la fiancée du prince et semble poursuivre des visées secrètes. Tandis que la guerre civile menace le royaume des Six-Duchés à cause des Fidèles du prince Pie qui demeurent dangereusement insoumis, Fitz, toujours prêt à défendre la cause du royaume, doit se démultiplier.
- Mes Impressions :
Je dois dire qu’après toutes les émotions du tome 8, j’ai trouvé cette suite un peu en-dessous. L’action est très peu présente, voire quasiment inexistante dans ce tome, ce qui rend le tout un peu répétitif : le récit est centré sur les doutes de Fitz, la moindre de ses pensées est décortiquée, et ses réflexions tournent parfois en rond. J’ai vraiment eu la sensation d’être la petite voix à l’intérieur de Fitz qui lui soufflait des pensées négatives, le poussait à tourner et retourner les problèmes dans le but de l’embrouiller et de l’empêcher de prendre une décision. Car Fitz se lamente beaucoup, mais il ne fait absolument rien, et ensuite il se plaint de son inaction, tout en ne faisant toujours rien. En fait, le principal intérêt de ce tome, c’est de pouvoir observer l’évolution des relations entre Fitz et les autres protagonistes. Passons donc en revue mes impressions sur celles-ci.
Pour commencer, j’ai été un peu déçue de la tournure qu’ont pris les choses entre Fitz et Jinna, j’avoue que je ne m’attendais pas à ça. Quant à Heur, il sert de prétexte à Robin Hobb pour retourner le couteau dans la plaie béante qu’est le cœur de Fitz, qui voit son fils adoptif faire les mêmes erreurs que lui… Cependant il constate qu’à son âge et dans la même situation, rien n’aurait pu l’empêcher de commettre ces erreurs. Fitz est donc dans l’impasse, ce qui est assez intéressant mais l’auteure s’attarde un peu trop sur ce problème, ce qui donne une impression de redite alors qu’on aimerait que la situation avance et se dénoue.
J’ai par contre beaucoup aimé les échanges entre Fitz et Umbre : leur relation est assez complexe et il est très intéressant d’observer l’évolution du regard que pose Fitz sur son ancien mentor. L’apparition de Lourd dans le sillage d’Umbre est intrigante, et j’espère que nous en apprendrons plus par la suite. Pour ce qui est de Kettricken, je déplore son rôle très anecdotique dans la vie de Fitz, je trouve dommage qu’elle ne le rencontre pas plus souvent.
La relation entre Fitz et Devoir stagne un peu dans ce tome, sauf vers la fin du livre, lorsque plusieurs personnages tirés des Aventuriers de la Mer interviennent dans l’intrigue. C’est d’ailleurs à partir de ce passage que l’histoire devient plus intéressante : Fitz ne cesse de se questionner sur les liens entre le Fou et les habitants de Terrilville, de Jamailla ou du Désert des Pluies. Il commence à comprendre certains éléments que le lecteur des Aventuriers de la Mer connaît déjà, et la manière dont il les interprète et s’interroge est captivante. Mais surtout, ces évènements vont lui en apprendre bien plus sur le Fou que ce qu’il pensait… Comment va alors évoluer leur relation ? Qu’est-ce que cela va changer pour la suite ? Ces révélations ont, je l’avoue, été une surprise pour moi, bien qu’en y repensant, certains éléments nous mettaient la puce à l’oreille depuis le tout premier tome de l’Assassin Royal.
SPOILERSi j’avais deviné depuis longtemps que le Fou et Ambre n’étaient qu’une seule et même personne, je n’avais pas fait le rapprochement entre la figure de proue sculptée par Ambre sur le Parangon et le visage de Fitz… Il faut dire que j’ai lu les Aventuriers de la Mer avant l’Assassin Royal, ce qui a pu me faire oublier certains détails, ou plutôt, je n’ai pas pu les remarquer par manque d’informations.FIN DU SPOILER
Bien que je connaisse la pluralité des personnalités du Fou (à la fois Prophète Blanc, noble jamaillien à la cour de Castelcerf, Fou de Subtil, etc.), je m’interroge toujours sur ce personnage : comment peut-il être autant de personnes à la fois ? Qui est-il véritablement ? Je pense que nous ne le saurons jamais, et c’est ce qui en fait un personnage fascinant. C’est incontestablement la plus belle réussite de Robin Hobb, et je doute retrouver un jour dans un livre un personnage aussi mystérieux et aussi intéressant que lui.
Pour continuer sur les personnages, j’aimerais que les passages concernant Ortie et Fitz soient un peu plus nombreux : on sent bien qu’il va se passer quelque chose, mais tout ça évolue bien trop lentement. On a envie d’en savoir plus, de comprendre quel rôle va jouer Ortie et comment Fitz va gérer ce nouveau problème, qu’il se contente pour l’instant tout simplement d’ignorer. Ce qui, j’en suis sûre, ne suffira pas pour éviter les ennuis…
Enfin, le mystère autour d’Elliania Ondenoire, la promise du Prince Devoir, constitue le principal attrait de l’intrigue durant une bonne partie de ce tome. La fin laisse présager une suite des plus palpitantes : j’espère y trouver de nombreuses réponses, et surtout beaucoup d’action !
Avant de clôturer cette longue critique, je dirais que les renseignements glanés au court du récit sur l’Art et le Vif me remplissent d’admiration pour l’auteure : cette magie est l’une des plus originales et des plus complètes que j’ai pu rencontrer au cours de mes lectures. Rien n’est laissé au hasard, aucun élément ne paraît incohérent dans le fonctionnement de ces deux magies et leur interdépendance. L’ajout de magies mineures comme celle des amulettes pratiquée par Jinna complexifie encore cette invention et rehausse d’autant plus notre intérêt. Une vraie réussite !
- Ce qu’il faut retenir :
Un tome un peu en-dessous des derniers car trop centré sur Fitz et ses doutes : on tourne en rond, et on regrette le manque d’action. Cependant, les relations entre Fitz et les autres personnages se complexifient à nouveau, et certaines révélations risquent de tout changer, notamment concernant le Fou. Le mystère qui plane au-dessus des intentions des Outrîliens ainsi que l’arrivée d’une délégation de marchands de Terrilville, composés de personnages issus des Aventuriers de la Mer, contribuent cependant à maintenir notre intérêt pour l’intrigue.
Malgré les points négatifs de ce tome, je reste fascinée par le monde qu’a créé Robin Hobb, la magie de l’Art et du Vif, mais aussi et surtout ses personnages : riches et travaillés, mystérieux, torturés, vrais et entiers, humains… les qualificatifs applicables sont nombreux. Je n’en retiendrais pourtant que deux : beaux et fascinants, tout simplement.
- Ma Note : 3/5
Les avis des autres participants à la Lecture Commune :
Frankie
Minidou
Niënor