Par Youness El Mouhafidi, de Liberté Chérie Belgique
Assez rare pour que Liberté Chérie se positionne dans ces débats en saisissant l’opportunité de mettre en avant les brillantes réflexions d’économistes ou de penseurs tant libéraux que libertariens dont les idées ne font écho que dans ces milieux.
Dès lors, Liberté Chérie soutient la proposition de la FeL de rouvrir le débat sur la légalisation du cannabis et n’a à déplorer que l’unique présence d’arguments utilitaristes alors que la propriété exclusive de son propre corps est un Droit Naturel appuyé notamment par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789:
Article II
Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression.
Article IV
La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société, la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.
Malgré cette étrange absence de l’idée de droits imprescriptibles chère aux libéraux et aux libertariens, leur proposition a notre cordial soutien.
Cette proposition a d’ailleurs déjà créé quelques réactions à peu près semblables sauf la marque, sans étonnement, de rejet du MR mais celle du FN est probablement la plus condensée en idées préconçues et en principes étranges. Rien de très étonnant de la part de gens cumulant les idées nationalistes et socialistes d’être en totale discordance avec des idées libertariennes.
Combien de poumons perforés par des billes de verre servant de produit de coupe du cannabis? Combien d’infarctus dus au café mélangé à l’héroïne? Ce n’est pas un hasard si les parents sont plus à l’aise de savoir leur enfant consommer un produit légal comme l’alcool et subissant donc le contrôle du consommateur; valorisation de la marque fiable, concurrence permettant un nombre de produits suffisamment importants pour que l’intérêt du consommateur soit une des priorités de la marque, etc.
Il semble évident que la majorité des reproches notamment liés aux risques sanitaires et répressifs, sont dus à la prohibition mais ce fait n’arrête pas les rouleaux compresseurs idéologiques qui continuent de marteler que l’héroïne, prise par le passé comme médicament pour la toux et encore consommée sous forme de codéine, ou le cannabis, utilisé pendant des milliers d’années comme médicament jusqu’à l’invention de l’aspirine et encore utilisé pour soigner les problèmes de sommeil et d’anorexie entre autres, sont éminemment néfastes pour la société et que les gens perdront leur avisement, une fois la libéralisation établie, en se précipitant sur le moindre gramme de coke en vente et contrairement aux observations faites notamment en Hollande ou au Portugal.
Avec une dette publique fédérale s’élevant à 102% du PIB, leur dénigrement pour l’intérêt budgétaire de la légalisation des drogues est une belle image de leur désintérêt pour la dette publique belge. La légalisation, à elle seule, du cannabis ramène 422 millions d’euros par an au gouvernement néerlandais et contribue fortement aux finances publiques de charmantes villes comme Maastricht ou Amsterdam qui contrastent énormément avec la plupart des villes wallonnes où le trafic s’opère en parallèle de l’enlaidissement des villes. Cet enlaidissement n’est pas imputable aux trafics mais plutôt à un système social intenable et à un gouvernement ayant pris tellement de compétences à la société civile qu’il ploie sous celles-ci et n’est plus apte à en assurer une correctement.
Etant donné l’entêtement des États européens sur ce sujet, la drogue nous offrirait un superbe tremplin pour assainir nos finances publiques en nous accordant une marge de manœuvre financière pour le passage à la capitalisation des retraites ou la réduction de la dette publique. On peut aussi noter l’importante création d’emplois ayant eu lieu aux Pays-Bas ou en Pologne, par exemple, suite aux débouchés qu’offre le chanvre : production d’un substitut de carburant, création du secteur de la « cannabinologie » avec ses diplômés, intérêts médicaux, etc.
Quant au caractère libéral de la légalisation du cannabis dont discute le FN, un petit rappel de faits s’impose.
Ce sont les libéraux qui ont légalisé la vente de cannabis en Hollande, de nombreux économistes libéraux sont favorables à cette proposition tels que Pascal Salin, Guy Sorman ou encore Milton Friedman, les libéraux ont légalisé l’auto-production de chanvre, de peyotl, de salvia ainsi que de pavot somnifère en République Tchèque, ce point est défendu par le Parti Libéral Démocrate en France et le candidat Ron Paul à la présidentielle de 2012, entre autres. C’est d’ailleurs le libertarien Arnold Schwarzenneger qui a assoupli fortement les règles liées à la consommation de cannabis à titre récréatif et il a précédemment soutenu la libéralisation à titre médical dont les propriétés ne sont plus à démontrer. Et c’est pour toutes ces raisons que cette proposition est éminemment libérale.
J’ignore si le FN s’est cru sympathisant des idées des libéraux mais il est facile de prouver le caractère libéral de cette proposition qu’ils dénoncent et, si la réaction du FN fut prise ici en exemple à cause de son mélange douteux de présupposés désuets, on ne peut vraiment que s’apitoyer de la réaction de certains autres partis ou associations.
Les libéraux, tout comme les libertariens, ne sont ni de droite ni de gauche et leurs positions sur les libertés civiles sont très fortes. Par conséquent, c’est étonnant qu’elles surprennent encore même sur des thématiques qui leur sont acquises.
On ne peut plus qu’espérer que le débat lancé courageusement par la FeL les porte sur quelques succès et qu’une telle proposition entre dans le débat politique. Il est à présent temps, pour la société civile, de jouer ses cartes pour que la Belgique soit dans les précurseurs de l’inévitable ré-attribution de cette liberté. Et que le désœuvrement créé par la prohibition ne soit plus qu’une période sombre de notre Histoire où de nouvelles générations se demanderont pourquoi un gouvernement s’attaquait à ses propres citoyens.