Saint-Flour

Publié le 15 mai 2011 par Gérard Charbonnel @gcharbonnel
Une ville à la campagne
Saint-Flour émerveille le visiteur. La ville, orgueilleuse, que coiffent les tours carrées d'une cathédrale gothique, se dresse, telle un vaisseau, en plein ciel sur un promontoire de basalte, à mille mètres d'altitude. A ses pieds, coule une paisible petite rivière qu'enjambait autrefois, sur un antique pont, probablement d'origine romaine, le vieux chemin de " France en Languedoc ".

Cité forteresse ne faisant qu'un avec le socle volcanique qui l'enracine, symbolise, par son implantation abrupte, la vigoureuse devise qu'elle illustra au cours des siècles : " Nul ne me prit de force que le vent ". Anglais, routiers, Huguenots échouèrent devant les murs de celle, qui par le traité de Brétigny avait été proclamée " Clefs de la France contre la Guyenne ". Durant la Révolution, elle mérita le nom de " Fort Cantal " et, pour ses hauts faits durant la dernière guerre, elle fut citée à l'ordre de l'armée.
Une route en épingle à cheveux, longeant de superbes orgues, ou un chemin escarpé aboutissant à la porte du Thuile, ouvrent l'accès à la citadelle. La vieille ville groupe ses demeures Renaissance autour de la place d'Armes. La cathédrale Saint-Pierre, de style gothique, qui marie basalte et pierre de Murat, renferme les reliques de Saint-Flour, le " Le Beau Dieu ", célèbre sculpture en noyer peint en noir, unique en son genre ainsi qu'une magnifique fresque restaurée il y a quelques années.
La " villa Sancti Flori "
Au Vè siècle, sur cet éperon rocheux défendu de trois côtés par ses falaises basaltiques , arrive de Lodève, un évêque missionnaire dont le nom dévoile l'origine gallo-romaine " Florus ". Il rassemble autour de lui la population, sur le lieu même où il planta la croix du Christ. Il y laissera, à sa mort, une petite église. Son rayonnement est immense et durant près de cinq siècles, sa réputation de Saint va attirer les pèlerins autour de son tombeau où, peu à peu, vont se grouper des habitations qui deviendront la Villa Sancti Flori.
Au XIè siècle, un enfant du pays, le moine Odilon de Mercoeur, futur abbé du grand Ordre de Cluny, dote la cité d'u prieuré. Ainsi s'amorce la vocation de cette petite cité en centre de civilisation, lieu de prières mais surtout... place forte. La " Villa Sancti Flori " se transforme alors en " Oppidum Sancti Flori ". En 1317, sous le pontificat de Jean XXII, Saint-Flour devient le siège d'un nouveau diocèse. En possession, dès le XIIIè siècle, de ses franchises communales, acquises ou octroyées du droit d'autodéfense abandonné aux habitants, la cité sanfloraine s'attire la faveur de la royauté à laquelle elle répond pendant toute l'occupation anglaise, de 1356 à 1391, par une défense acharnée qui lui vaut de la part du roi Charles V le titre de " Clef du royaume devers la Guienne ".
Et Charles VII vint s'y réfugier...
Plus tard, Charles VII vient se jeter derrière ses hautes murailles pour s'y abriter quand, en 1437, revenant du Languedoc, il apprend par un message de la Reine, la conspiration d'Angers qui allait lui barrer la route de Paris. Pendant huit jours, il demeure dans Saint-Flour et profite de ce court séjour pour rassembler ses forces militaires avant de poursuivre sa marche victorieuse sur Paris, reprise sur les Anglais par le Duc de Richemont. Autour de la cathédrale Saint-Pierre, élevée au début du XVè siècle, se créé un foyer intellectuel et religieux alimenté, au cours des siècles, par la présence de notables, consuls de la commune, gens de robe et de justice. Ainsi, la petite ville devient une capitale religieuse et judiciaire.
Une architecture chargée d'Histoire...
Il est remarquable de voir combien le très riche passé sanflorain se lit encore dans les vieilles pierres, la disposition des rues, l'ordonnance et le caractère des monuments d'époque médiévale demeurés debout. Deux portes fortifiées montrent encore la complexité des défenses de la cité. La terrasse des Roches replace le visiteur à l'endroit même où le guetteur médiéval surveillait au loin les bandes ennemies descendues du Gévaudan. La place d'Armes présente sensiblement l'aspect qu'elle avait au Moyen-age. Certaines arcades qui en faisaient le tour ont aujourd'hui disparu, cette place a conservé les deux grands monuments qui en constituent le cadre : la cathédrale gothique et la façade de style " Renaissance " de la Maison Consulaire. Il n'est qu'à parcourir ses rues anciennes aux noms typiques tels, place des " Mets ", rue des " Remparts " ou bien encore du " Muret " pour découvrir de curieux vestiges comme cet anneau incrusté dans le montant d'une porte du XVIè siècle, auquel le maître du du logis attachait la bride de son cheval.
Heures de gloire et sombres périodes
La révolution de 1789 abat les remparts et met un point final aux exploits guerriers de la cité. De ce lointain et prestigieux passé, il reste à Saint-Flour, ses armes royales, " champ d'azur semé de fleurs de lys d'or " qui constitue la plus précieuse récompense de la valeur militaire. Les sièges se sont succédés, égrenant tour à tour, heures de gloire et sombres périodes. De la dernière guerre, la cité sanfloraine conserve toujours le vif souvenir des souffrances endurées. Pour la toute première fois dans son histoire, elle vit son sol de vieille citadelle foulé par l'ennemi.
Une vocation d'accueil
Centre d'un pays essentiellement agricole et bien consciente de son exceptionnel cadre naturel et de la beauté de ses sites, Saint-Flour s'est tourné vers le tourisme vert. Elle fut la première ville du Cantal ( et l'une des premières en France ) érigée en station de Tourisme par décret du 13 juin 1921. Ses portes qui pendant des siècles furent étroitement gardées aux approches de l'ennemi, sont maintenant, largement ouvertes à ses visiteurs.
La " Recluse " - La farouche cité surveille, l'horizon imprenable de la Margeride, l'autoroute " La Méridienne " qui passe sans la toucher et la ville basse. On gagne celle-ci par le Pont-Vieux sur l'Ander, où, pendant des siècles la " Recluse ", symbole de l'âme de Saint-Flour, enfermée volontaire à vie dans sa loge à encorbellement, priait pour tous les Sanflorains.
Vers les eaux bleues - A quelques kilomètres de Saint-Flour, l'Ander rejoint la Truyère dans la majestueuse retenue du barrage de Grandval aux alentours romantiques, ponctuée de chefs-d'œuvre moyenâgeux comme le château d'Alleuze ou modernes comme le célèbre viaduc de Garabit ou son homologue autoroutier récent.