Reviens François! Ozon, de son prénom François, est sans doute l’un des cinéastes français en activité les plus mystérieux. Et les plus exportés, aussi. Après un début de carrière en fanfares, et un gros tassement de son audimat en pleine crise des années 2000 (Angel, Le temps qui reste..), il revenait par la petite porte avec Ricky et le Refuge. Avant le redémarrage, ce Potiche en forme de clin d’oeil au reste du monde.
Ozon n’était donc pas parti loin, désireux sans doute de monter des films plus difficiles, pas forcément moins agréables à voir, mais au public moins important. Valeur sûre (toujours et encore) et fils rebelle, mais pas trop, le voici s’attaquant (re) à la bourgeoisie française, aux préjugés dans leur ensemble, et au final à pas mal de choses sans être trop corrosif. On salit, mais avec classe. Potiche pose le décor d’emblée ; d’ailleurs, ce sont des décors. Tout sonne faux, costumes, coiffures, déco’.. Tout est « too much », et encore : on y croit à mort. Plus discours que visuel, Potiche passe un joli coup de savon à l’aristocratie capitalistique française, à la société dans son ensemble, et en cela fortement aidé par un casting imparable. Deneuve, Depardieu, Luchini, aidé par Godrèche ou Viard, voilà qui fleure bon. Posés en pleine déco’ kitch, surjouant à mort, nos protagonistes font du théâtre de boulevard sur grand écran, passant et repassant les idioties d’une fausse crise syndicale remuant la famille des patrons.
Faussement critique, réellement drôle, Ozon parvient à renouer sans trop de difficultés avec une douce ironie pas forcément inamicale. On risque fort d’apprécier les images d’Epinal de ce récit politico-économique, entre bourgeois moyens d’une province industrielle, entre délégués syndicaux et grands patrons, politiques inutiles et femmes encombrantes. En appuyant très fort sur les a priori, Ozon parvient pourtant à insuffler du second degré dans tout, et vendant à la perfection ce grossissement de certains traits très… français, finalement, il réussit son hold up. On passe un très bon moment, les acteurs aussi semble t-il, et cela tout en se moquant de nos propres défauts. L’arroseur arrosé, en somme, pour un film qui réinstalle Ozon dans le coeur de son public. Tout le monde y gagne.