« A la différence des candidats des partis de l’argent, le candidat socialiste n’est pas solitaire en son combat. Son « envie » [de devenir président de la république], c’est d’abord l’envie de centaines de milliers de militants et de milliers de citoyens : l’envie de faire enfin respirer à pleins poumons un pays qui étouffe sous le poids des privilèges de la caste au pouvoir. »
« Le désordre s’est installé dans l’Etat par l’intervention permanente du président dans le fonctionnement quotidien de l’administration : se mêlant de tout, il oublie l’essentiel. Votre question se réfère à ce que vous appelez la lourdeur de la charge de président de la république : oui, ainsi conçue par le président sortant, la charge est aujourd’hui si lourde qu’elle tombe des mains fragiles de son dépositaire. »
« Déterminé et humble : voilà les qualités premières de l’homme public ! La parole fraternelle de Sartre concluant Les Mots pourrait être heureusement méditée par chaque responsable politique : être « un homme, fait de tous les hommes, et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui ». Et j’ajouterai : Et que chaque citoyen se sente prince en son royaume ! »
« Les dirigeants actuels savent brandir le drapeau « France » pour faire taire les Français et conduire une politique sociale de répression. Au nom de l’intérêt supérieur de la nation, on perpétue un système d’inégalité, on dépouille les épargnants de leurs économies, on précipite vers le chômage des centaines de millions de travailleurs actifs, on détruit le patrimoine naturel, on gaspille les chances du développement scientifique. La droite proclame toujours : la France exige sacrifices et privations. Elle oublie d’ajouter que la France ainsi conçue se confond avec les intérêts les plus cupides de la classe sociale au pouvoir. »
C’est signé François Mitterrand et daté de mars 1981 (l’intégral ici). Au-delà de la modeste contribution du Blog d’Isaac aux célébrations des 30 ans de la victoire socialiste, ce texte garde toujours quelque chose d’actuel et de bon pour la pensée d’aujourd’hui. On laissera la conclusion à notre hôte, en espérant qu’elle en inspire plus d’un : « Républicain, je suis devenu socialiste. J’ai compris qu’une société fondée sur le profit de quelques-uns asservissait l’homme, le privait de son droit à la vie, de son droit au bonheur. J’ai donc mis en question les lois qui régissent l’économie de profit pour lui préférer un système qui s’assigne pour finalité l’épanouissement de chaque citoyen. »
df.