Boîte à idées proche du PS, Terra nova a été créée pour redonner de la substance intellectuelle à la gauche dans le droit fil de la citation de Jaurès selon laquelle, « Du débat jaillit la lumière ».
A l’aube de 2012, Terra nova s’interroge sur l’électorat de la gauche. Dans un rapport intitulé «Gauche : quelle majorité électorale pour 2012 ?», la fondation jette un pavé dans la mare non pas sur le constat d’un électorat de la gauche en mutation mais, en suggérant de façon très pragmatique au PS de rechercher à s’appuyer plus sur les classes moyennes que les classes populaires.
L’essai par lequel le scandale arrive relève le divorce entre la gauche et ce qui a longtemps été son socle électoral, la classe ouvrière. Chiffres à l’appui Terra nova démontre le décrochage avec un électorat et rappelle qu’au premier tour de la présidentielle de 2002, les ouvriers ont proportionnellement moins voté socialiste que l’ensemble des Français. Par la suite, en 2007, Nicolas Sarkozy a fait de bons scores dans les classes populaires alors que selon les dernières enquêtes d’opinion, que le premier parti “ouvrier” en France est désormais le Front national.
«La classe ouvrière n’est plus le cœur du vote de gauche, elle n’est plus en phase avec l’ensemble de ses valeurs, elle ne peut plus être comme elle l’a été le moteur entraînant la constitution de la majorité électorale de la gauche», écrivent les trois auteurs de l’essai qui préconisent au PS de s’adresser au «nouvel électorat de la gauche» constitué des diplômés, des jeunes, de la France de la diversité et des femmes.
Ce semblant de renoncement à conquérir le cœur de la classe ouvrière a suscité une levée de boucliers d’autant plus importante que le président de Terra nova est proche de DSK. La garde rapprochée de Martine Aubry parle d’une stratégie mortifère pour la gauche, d’un retournement stratégique fondamental. Même son de cloche sans surprise de Laurent Fabius et d’Arnaud Montebourg. Plus mesuré, le Strauss-Kahnien Pierre Moscovici estime que certes renoncer à la classe ouvrière serait une erreur mais convient de la nécessité à élargir le cercle des électeurs. À l’affût, Jean-François Copé a évoqué le «cynisme électoral» des dirigeants socialistes.
Derrière les postures la vraie difficulté pour le PS est de retrouver un discours crédible à l’égard des classes populaires. C’est loin d’être gagné d’autant que les thèses populistes et démagogiques du FN font des ravages. C’est pour cela que de façon beaucoup moins caricaturale que certains l’ont présenté, Terra nova invite à cultiver dans le même temps d’autres électorats, notamment la classe moyenne.
Mis personnellement en cause, Olivier Ferrand (en photo) a publié une réponse sur le site de sa fondation dans laquelle il dément que Terra Nova ait proposé d’abandonner les classes populaires et estime que son rapport a été “instrumentalisé à des fins politiciennes“.
Pendant que le PS s’agite et règle ses comptes, Marine Le Pen avance. La patronne du FN a repris le thème de campagne de Nicolas Sarkozy et s’affiche désormais comme la candidate du pouvoir d’achat dans un appel du pied revendiqué à l’égard des classes populaires.
Lors d’une conférence de presse en fin de semaine dernière, la nouvelle égérie de l’extrême-droite française a proposé vendredi une longue liste de mesures concrètes allant de la baisse de 20% de la TIPP à l’indexation des salaires sur l’inflation sans oublier la revalorisation des petites pensions de retraite et la fin au gel des revenus de la fonction publique, hormis les plus élevés. Le financement des mesures n’inquiète pas la présidente du FN qui s’engage à compenser ces dépenses par la suppression de “dépenses inutiles”.
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