Il fallait le faire, l'exposition se tient 17 rue Dieu, Métro République à Paris, jusqu'au 18 mai, entrée libre du lundi au samedi de 14h à 19h
Artistes exposés : Sergine André / Elodie Barthelemy / Mario Benjamin / Jean-Herard Celeur / Maksaens Denis / Edouard Duval-Carrié / André Eugène / Frankétienne / Guyodo / Sébastien Jean Killy / Tessa Mars / Pascale Monnin / Paskö / Barbara Prézeau/ Michelange Quay / Roberto Stephenson / Hervé Télémaque et Jean-Michel Basquiat
« La terre matrice des pays antillais, Haïti. »
Edouard Glissant
"L’exposition Haïti Royaume de ce monde est née de la nécessité de dresser un état des lieux de lacréation contemporaine en Haïti, de donner à voir les travaux des artistes qui, au quotidien, questionnent le chaos. Ils sont plasticiens, photographes, sculpteurs, peintres, performeurs, vidéastes, ils sont les acteurs essentiels de leur époque. L’exposition est pensée comme un laboratoire dont ils sont les dépositaires.
Elle présente principalement des œuvres récentes ou inédites, commandes faites aux artistes
spécifiquement pour l’exposition, témoignant ainsi de leur vitalité créatrice et, dans le
même temps, nousinterrogeant sur la difficulté pour ces artistes et leurs œuvres, de circuler, d’échanger avec la Caraïbe et
le reste du monde.
Haïti Royaume de ce monde veut aller au cœur du drame, pour mettre en cause le caractère fatal dumalheur et proposer un autre visage d’Haïti à travers le regard de ses créateurs. Le titre de l’exposition, inspiré du roman d’Alejo Carpentier, est une manière de revenir sur des mythes fondateurs liés à Haïti et, sans en faire son éloge, de sublimer le chaos haïtien et ses possibles.
Le real maravilloso (réel merveilleux) d’Alejo Carpentier a depuis longtemps fait place au « chaosmerveilleux ». Frankétienne, avec ses ovnis littéraires et picturaux, crée un univers apocalyptique depuis une quarantaine d’années. Mario Benjamin, lui, habite le temps et apprivoise l’espace. Maxence Denis, à travers ses sculptures-vidéos, poursuit sa réflexion sur la déferlante d’images propre à notre époque. Mais comment continuer à créer après une catastrophe comme le séisme et tous les drames du quotidien qui s’y ajoutent ? On aime à rappeler la « résilience » du peuple haïtien, mais si Haïti veut bien se prendre pour le Phénix qui renaît de ses cendres, elle doit compter avec le temps. Trop long hélas. Un an après le séisme, ce n’est que via des initiatives privées qu’elle commence à envisager l’avenir. Seuls l’imaginaire et la créativité, pour l’instant, permettent aux Haïtiens de se dépasser et de se reconstruire petit à petit.
Avant le séisme, Haïti n’était pas intégrée aux circuits officiels de l’art contemporain, aujourd’hui c’estencore plus complexe. L’effet du séisme rend compliqué toute tentative de rapport professionnel pour se complaire dans la solidarité et l’humanitaire. Cette exposition dépasse cette approche et mise sur ce royaume de la création comme la plus belle des cartes de visite du pays. En présentant au monde ses créateurs, Haïti espère transformer la charité qu’on lui propose en échange.
Malgré le grand écart entre les discours qui jurent qu’Haïti ne s’en sortira que par sa culture, et la réalité dubudget qui lui est allouée, Haïti concentre une grande part des artistes et artisans de cette « nouvelle région du monde » qu’est la Caraïbe. Une friche qui a inspiré des ambassadeurs et penseurs illustres, tels Aimé Césaire, Maryse Condé, Edouard Glissant, Graham Greene. Bienvenue dans une Haïti debout. Une Haïti où la vie reprend ses droits."
Giscard Bouchotte
Commissaire de l’exposition
Cette exposition est une coproduction du Fonds de dotation agnès b. et de l’Institut français.