La cinquième dimension

Publié le 14 mai 2011 par Hongkongfoufou

Par GoudurixYZ

"D’aucuns pensent que la vie n’est qu’une illusion et que la réalité n’est que le fruit de notre imagination." Comme il a raison. Comme Charles Gray, l’éminent criminologist du Rocky Horror Picture Show a raison. Des fois je me demande. Je me demande s’il n’a pas énoncé cette évidence après avoir vu un tableau d’Hopper. D’Edward Hopper, pardon.

"Vous ouvrez cette porte avec les clefs de l'imagination. Au-delà existe une autre dimension, sonore, visuelle et mentale. Vous venez d'entrer dans la quatrième dimension" nous répétait chaque fois Rod Serling au début de The Twilight zone. L’heure des tableaux d’Hopper comme par hasard. D’Edward Hopper pardon. Quand j’étais gosse, je me demandais ce que cela voulait dire. Je crois que ça vient un peu de s’arranger.

"Ailleurs l’herbe est plus verte" répètent depuis 50 ans Cary Grant et Deborah Kerr. Mais ça je le savais déjà.

Il y a des endroits comme ça. Des endroits historiques, mythiques, nostalgiques où le temps s’est arrêté. Des endroits comme ça où l’on peut revenir même si on n’y est jamais allé. Des endroits où l’on fait le plein. Où un pompiste vous fait le plein, pardon. Le plein d’essence. D’essence ordinaire. Juste de quoi partir et revenir. Historiques, mythiques, nostalgiques et pratiques. Un peu comme lorsque Franck Sinatra reprenait My way. Comme d’habitude en français, juste retour des choses.

Un pompiste qui range ses bidons par habitude. Un pompiste désœuvré. Une station service désertée. Une station service revisitée. Une histoire répétée. Un retour vers le futur ? Un aller vers le passé. Le passé composé. Le passé recomposé. American my way of life.

"I’ll regret this day as long as I live. I guess lots of people were waiting for this kind of thing to happen." Ah, il y a des jours comme ça, dans des endroits comme ça. Quand on sait qu’Elvis Presley eut maille à partir avec un gérant de station service du nom… d’Edd Hopper en 1956. On se dit que ça n’arrange pas les choses. Celui-ci reprochait à son célèbre client l’attroupement qu’il créait en signant des autographes et le pria de déguerpir : "I don’t care if you’re Elvis Presley." Et le rocker de lui ouvrir l’arcade en lui envoyant sa droite en guise de réponse avant d’en faire de même à son employé venu à la rescousse.

"Son œil ressemblait à un a traveling bag" dit un témoin au tribunal le lendemain. Après s’être fait rappeler à l’ordre, Elvis quitta le tribunal "surrounded by a flock of women." Edd Hopper et son pompiste furent… condamnés à 25 et 15 $. Même pas de quoi se payer un poster de Gas d’Hopper.

Traveling bag ? Maille à partir ? Encore un aller-simple. La boucle n’est pas près d’être bouclée…

Un, deux, trois, quatre. En voila quatre d’un coup. Quatre pièces du puzzle, du puzzle en quatre dimensions. Quand j’étais petit je cherchais les pièces manquantes sous le canapé. Aujourd’hui je n’ai plus à me baisser.

Un rocker, deux chats, un critique littéraire, une romancière. Le pompiste de la Gas station est de moins en moins seul. Tant mieux pour lui. Tant mieux pour nous. Super ou ordinaire ? Avec ou sans (mine de) plomb ? Peu importe.

Bon, il ne me reste plus qu’à revoir After hours, mon épisode préféré de la Quatrième dimension. Au point ou j’en suis, peut être qu’Anne Francis va acheter un tableau plutôt qu’un dé à coudre au neuvième étage du magasin… Et réecouter After hours du Velvet underground… Ah non, ca ne va pas recommencer !