J'étais restée sur ma faim. Le diagnostique me semblait "légèrement" insuffisant. Le petit d'homme est daltonien, confusion rouge-vert, et point. Comment l'aider dans ses apprentissages scolaires et dans la vie de tous les jours? Rien.
Je sais, ce n'est qu'une déficience des couleurs et cela ne rythme pas les conditions de vie les couleurs. Oui, oui. Mais j'avais envie de permettre à ce tout jeune scolaire de ne pas avoir trop d'embûches. Je parlais de tout cela là.
Alors j'ai lu "Daltonisme et activités humaines" de l'ophtalmologiste Philippe LANTHONY. Ce livre est très très bien. Tout petit et très court, il apporte pourtant énormément. Du diagnostique, aux aides pour l'entrée dans la vie professionnelle en passant par ce qu'est le(s) daltonisme(s) et la couleur.
J'ai été rassérénée par rapport à toute précipitation. Le diagnostique se doit d'être précoce et fait durant l'école maternelle ou primaire mais il ne peut être complet. Ce n'est que vers 10 ans qu'un terme exact, une typologie (protan ou deutan) et une gravité pourront vraiment être détaillés.
Les pistes d'aides concernent beaucoup plus les adolescents et jeunes adultes mais l'idée de jouer sur les différents domaines de la couleur est une sacrée bonne prémisce.
Déjà la source physique de la couleur:
1/ la tonalité déterminée artificiellement par la norme des non-déficients aux couleurs (rouge comme la coccinelle)
2/ la luminosité (de l'obscur au lumineux) ou la clarté (du noir au blanc)
3/ la saturation (couleurs ternes, pâles, rabattues ou vives)
Puis les modes d'apparence de la couleur:
1/ la texture (lisse, rugueuse, régulière)
2/ la transparence, le brillant
3/ le contraste avec les autres couleurs environnantes
Alors oui les nuanciers de couleurs poussent à la maison.
Normal, j'en ai toujours vu sous la main,dans l'atelier(qui était en fait la maison) de ma mère, j'en ai créé quand je peignais au point quelque fois dene pas vouloir réutiliser une palette (ou d'acheter un livre sur les couleurs en peinture juste pour avoir ces photos de couleurs les unes aux autres ou de faire un billet juste pour les avoir à l’œil ou d'en faire d'autres avec leur anecdote humaine), puis après pour cette fascination que j'ai pour elles et pour l'utilisation qu'en ont fait les peintres.
Et puis pour le loupiot, rien que pour lui et d'autres qui suivront dans la famille plus ou moins élargie, les boites de couleurs Montessori. Et des livres en plus, le tout pour lesensibiliser aux couleurs.
Autant les premiers apprentissages ont été de nommer les couleurs ou de les distinguer par groupe (de jaunes etc...), autant très vite son malaise m'a stoppée. Il n'est plus question de lui poser des questions mais de répondre aux siennes "Ça, c'est un orange?". Les ressources que j'accumule me servent à nommer, à regarder, à sensibiliser ses yeux, sa perception et à l'aider à trouver ses propres astuces. J'ai mieux compris aussi son désarroi (même entouré d'une demande incessante) autour des livres « Le magicien des couleurs » d’Arnold LOBEL et « Monsieur le lièvre voulez-vous m’aider » de Charlotte ZOLOTOW, illustré par Maurice SENDAK.
Le premier livre arrivé "Quelles couleurs" de Régis LEJONC, vu sur l'étalage de mes libraires préférés, et reposé, revu dans des billets de blogs appréciés ici, là et là qui me donnaient encore plus envie, je l'ai acheté pour que le lutin est un panel des couleurs.
Il ne me fallait pas seulement deux ou trois bleus, jaunes et verts, par exemple, mais une belle panoplie, une gamme bien achalandée. Je voulais aussi, sans savoir qu'il s'agissait de travailler sur la teinte, qu'il sache que nous nommions telle couleur de cette manière. Nous l'ouvrons pour retrouver une couleur ou le nom d'une couleur: Indigo comme le lapin de l'école ou la couleur de la framboise etc...
Il offre de superbes "illustrations" des couleurs: une vision d'un inconscient collectif, le jaune citron mais aussi l'orange du personnage Casimir. Cela reprend une utilisation sociétale de la couleur en question et un imaginaire associé.
"Le musée des couleurs" de Caroline DESNOETTES nous apporte la focalisation sur une teinte, autant seule, sur fond blanc qu'en situation: avec ou non de petites tâches, de petites nuances, de petites coups de pinceaux et aussi en contraste avec les autres.
Le lutin ne boude pas son plaisir, surtout que cette "présentation" apporte aussi les photos de tableaux... Je ne sais pas encore vraiment s'il aime la peinture, admirée ou effective, (parce que dessiner, ça on en est sûr!) ou l'art mais il aime beaucoup qu'on le reprenne: la couleur, la retrouver, le nom du peintre et surtout le titre qu'il donne à son tableau: "Une fille?! Mais non c'est un garçon!"
"Admire les couleurs des peintres" de Caroline DESNOETTES (oui, oui, la même) apporte une donnée supplémentaire: celle de regrouper la distinction d'une couleur et quelques nuances autour, comme une certaine "saturation" de la première. Et puis l'enfant est amené à jouer, à être interactif, à retrouver des détails dans le tableaux. Le livre apporte ensuite des informations sur les couleurs, leurs temporalités, les pigments ou l’imprégnation qu'un peintre pour elle.
Un autre est arrivé aussi mais on le verra après: il s'agit d'une interprétation des couleurs "Du Rouge Papou au Vert de Rage" d'Olivier BESSON.
Et puis pourquoi se lasser de faire des nuanciers, j'en voulais (je le disais là) et l'idée de le mettre à toutes les sauces me plait énormément, suivez donc ce blog dont est issu l'image.
*source
Et puis cela s'est traduit aussi par des feutres de toutes sortes pour les dessins. Il a demandé de la brillance, alors le doré et l'argenté sont arrivés. Ils sont pris d'assaut à chaque dessin. Même la mine trop petite (pas d'autre choix dans le magasin jusqu'à présent) ne le rebute pas à les utiliser pour colorier toute sa feuille.
D'autres, les fluos jouant plus sur la transparence, n'ont pas eu l'air de l'intéresser pour l'instant.
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