Samedi. 11 heure du mat.
Mia est à ses cours de ballet avec Karen. Bas fait sa sieste. Un calme inhabituel s’est emparé de l’appart. Seules les mélodies grungy du nouvel album de Manchester Orchestra perturbent le silence implacable. Le bon sens voudrait que je profite de cette trêve pour écrire 500 mots. 500 mots pour mon prochain roman. Néanmoins, c’est vers ce blog que mon imagination dérive.
Hier j’ai posté un long article (4’000 mots) assez personnel. The Beast – 1ere partie. J’ai longtemps hésité avant de partager cette phase de ma vie. La passé c’est le passé. En principe, je préfère me tourner vers l’avenir. Mais je pense aussi que mon passé peut-être l’avenir de quelqu’un d’autre. Les premières réponses m’ont rassuré sur ce point. Elles m’ont aussi profondément touché.
Il y a quelques mois, j’ai pris l’étrange décision de commencer à écrire « 500 Mots par Jour ». Ecrire. Partager. Me dénuder. A la vue de toutes et de tous. J’ai accepté le fait d’être lu, critiqué, aimé, détesté, respecté. J’ai ouvert bien plus qu’une fenêtre sur ma vie. J’ai ouvert mon cœur, mon âme, mon esprit. Sain ou pas.
Je n’écris pas pour devenir riche, ou célèbre. Je n’écris pas parce que c’est facile, ou parce que je me considère talentueux, ou doué. J’écris parce que j’en ai besoin.
L’origine de ce besoin viscérale se trouve, sans aucun doute, dans ces lectures qui ont guidé mon existence. Dans les histoires de ces écrivains qui m’ont touché, bouleversé, transformé.
Toni Morrison, Victor Hugo.
Je pourrais lister 100 auteurs. Ces deux là suffisent. Deux géants. Deux siècles.
Deux chef d’œuvres.
Beloved. Quatrevingt-treize.
Je pourrais lister 100 romans. Ces deux là suffisent.
Hier soir, j’ai vu un interview de Toni Morrison à la télé. Toni Morrison c’est mon héroïne. Je suis accro. Je l’ai rencontré, il y a une vingtaine d’année, à Genève. A la fin de sa lecture, je me suis approché pour lui parler. Je n’ai pas osé. Je lui ai tendu ma main. Elle l’a prise. Je n’oublierai jamais cet instant. Il est inscrit dans mon cœur, aux cotés de Sula, Beloved, The Bluest Eye, Jazz, Tar Baby, The Song of Salomon.
Toni Morrison, prix nobel, prix pulizer, ne manque de (presque) rien : Succès, statut, gloire, célébrité, richesse matérielle. Et pourtant, au cours de cet interview, cette magnifique femme de 80 ans admet n’avoir besoin que d’une seule chose : son (immense) talent.
(je paraphrase)
Je possède mes mots, mes écrits, mon univers, mes personnages. Ils sont à moi, je les ai créé, ils m’appartiennent. Personne ne pourra jamais me les reprendre. Je n’ai besoin de rien d’autre.
JE n’ai pas besoin de grand chose non plus. Ma famille, mes amis. Un toit, de la bouffe.
Un livre. De la musique.
Et un peu de temps pour écrire.