Alors de quoi qu'on se cause me demanderez-vous? Ben on se cause d'une église, enfin d'un bout d'église même pas terminée, qu'on ne sait même pas comment qu'elle devait s'appeler (enfin à quel saint qu'elle devait être consacrée), mais compte tenu de la taille du bout qu'il en reste, de sa qualité architecturale, nul doute que ce projet inachevé était d'ampleur cathédralesque, gigantesque pour l'époque, comme pour le lieu.
Et justement, parlons-en du lieu. Le bled, enfin le village, qui compte aujourd'hui quelques 400 âmes alors qu'il en comptait le double au moyen-âge, se trouve sur une route commerciale d'importance. Selon les sources, vous entendrez parler de "Via regia" (voie royale), de "Via magna" (grand' voie), etc... Bon c'est oui et non, avec de grosses nuances quand même. Concrètement on se parle de la voie, qui menait de Prague vers Leipzig, en passant par les fabuleuse villes de "Slaný", "Louny", "Žatec", "Kadaň", mais aussi par "Panenský Týnec" entre "Slaný" et "Louny". Cette route s'appelle plus communément la route d'Erfurt (ville desservie après Leipzig), parfois en Tchèque aussi "Sedlecká" ou
Le nom propre "Panenský Týnec" est composé d'un nom et d'un adjectif: "Týn", du nom commun celtique "dun" ("dunum"), germanisé en "zaun", anglicisé en "town", signifiant à l'origine "forteresse". Et "Panenský", adjectif signifiant "virginal", de par les frangines clarisses qui s'installèrent ici (cf. plus loin). Donc "Panenský Týnec" (en Germain "Jungfer-Teinitz") pourrait se traduire en Français par "Forteresse Virginale", et par extension "Ville Vierge".
Selon mes sources, la première mention écrite du bled daterait de 1115, et serait liée au monastère de "Kladruby". Alors je n'ai trouvé ni le texte, ni la raison du lien entre "Panenský Týnec" et "Kladruby". J'ai par contre trouvé la seconde mention de 1186 (également citée dans mes sources), où l'on peut lire "1186. Kladrub. mon. habuit in villa Tinez calefactores stubae Chastre cum filiis" (cf. "Antiquae Boemiae Usque ad Exitum Saeculi XII, Hermenegild Jireček"). Mais j'avoue humblement que "les termes chauds que possèdent le monastère de Kladruby à Týnec", ça ne fait pas vraiment avancer le schmilblick. D'autant plus que ce "Týnec" n'est pas forcément le notre, de "Panenský Týnec", parce que je n'ai pas entendu parler de termes en notre bled, sinon ceux que le docteur "Meixner" (docteur personnel du président "T. G. Masaryk") voulut faire construire après la seconde guerre mondiale de par l'énergie qui se dégage du lieu (cf. plus loin). Mais le projet ne vit jamais le jour (à cause du putsch de la chienlit con-muniste). La vraie mention sans le moindre doute remonte au 14 décembre 1321, lorsque le sieur "Plichta ze Žerotína" (parfois aussi "ze Žirotína") et ses 2 frangins offrirent des dons aux clarisses du couvent de "Panenský Týnec" (cf. "Regesta diplomatica nec non epistolaria Bohemiae et Moraviae, Josef Emler, P. 317, 1321, 14 Dec. In Tyncz. Plichta de Zyrotyn cum fratribus Suis Jarkone et Habardo quaedam bona conventui sororum s. Clarae in Tyncz conferunt").
Le premier de la famille que l'on trouve dans l'annuaire des "Quoi que c'est qui?" est "Jan Plichta ze Žerotína". Il était le vassal du roi "Václav I (le borgne)", frère de St Agnès de Bohême ("Václav"), et gouverneur ("Jan Plichta") de la ville de "Louny", jusqu'à ce que le roi décide de convertir la ville en ville royale, en 1253. Après quelques mois de chômage, et sur les recommandations de son conseiller ANPE, il entreprit une reconversion professionnelle sous la forme d'une carrière militaire qui le conduisit jusqu'à la "bataille sur le champ morave" en 1278, où il décéda aux côtés de son nouveau roi, "Přemysl Otakar II", fils du borgne. Parenthèse. "Marchfeld" (moins souvent "Mährenfeld") est une plaine en Autriche, juste en dessous de la Moravie ("Mähren" en Allemand). Son nom vient de la rivière "Morava" ("March" en Allemand) qui traverse cette région avant de se jeter dans le Danube, et qui a donné son nom à la région tchèque (Moravie, "Morava" en Tchèque). "Feld" en Allemand est un "champ", et donc qu'on considère la rivière ("March" en Allemand, et "Morava" en Tchèque) ou la Moravie ("Mähren" en Allemand, et "Morava" aussi en Tchèque), le nom tchèque "Moravské pole" est "le champ morave" en Français.
"Jan Plichta" eut un fils, "Habart ze Žerotína", qui serait le fondateur du couvent selon certaines sources, qui, du reste, ne mentionnent absolument pas les frères "Plichta" ni "Jarkone" (cf. ci-dessus, "Plichta de Zyrotyn cum fratribus Suis Jarkone et Habardo..."). "Habart" prit épouse en la personne de "Scholastika ze Šternberka" ("Škonka" pour les potes), mais avec un prénom pareil, pas moyen d'en extraire une descendance, malgré l'insistance enthousiaste qu'il mettait en oeuvre (cf. ses confessions "...et pourtant je l'arrose régulièrement mon père..."). Et là, hop, légende. Le confesseur de "Habart" était bon pote d'avec Agnès (de Bohême), à laquelle il ne pu s'empêcher de souffler un mot sur les soucis de procréation du couple "ze Žerotína" (sans pour autant dévoiler le secret de la comberge, attention). Aussi Agnès prit rendez-vous avec le couple, et leur dit comme ça: "faites-y moi montrer comment que vous faites, pour ne pas zavoir des zenfants?" Ben croyez-le ou non, après leur avoir bien tout expliqué comme il faut (le problème était apparemment technique), "Škonka" se mit à momignarder comme une Franc-Comtoise (cf. "Vitam inclite uirginis sororis Agnetis: Qvedam nobilis domina, nomine Scolastica, consors domini Habhardi de Zyrotin in Bohemia, dum adhuc Agnes felicissima in carne degeret, massam quandam in latere sinistro diu pertulit ex malorum coadunacione humorum").
Sinon, comme dit, en 1291 naquit le jeune "Plichta ze Žerotína" (fils de "Habart" et de "Scholastika") et celui-ci entra dans la légende grâce à Dalimil, comme le plus preux des chevaliers de Bohême (Cf. Cap.95, "Ale když byl na cěstě, Plchta z Žirotína, ten jmenovaný hrdina, mnoho škody učini v lidech i v koních říšskému, a čest velikú učini rodu svému"). Outre dans la légende, il entra également au service du roi de Bohême Jean de Luxembourg (vers 1310), ensuite il entra au service du père de Jean, Henry VII, empereur romain-germanique (vers 1311), ensuite il entra au service du roi d'Angleterre Edouard II (vers 1313), à nouveau au service de Jean de Luxembourg, et finalement il tomba à la bataille de Mühldorf en 1322, et c'est tout (cf. Dalimil, "V tom boji pana Plichtu zabichu, a mnoho końóv Ćechove stratichu"). Ensuite il y eut encore quelques "ze Žerotína", encore un "Plichta", puis son frère "Jaroslav", un bon pote du roi "Jiřího z Poděbrad". "Jaroslav" eut un fils, mais il mourut les armes à la main, aussi "Jarda" fut le dernier des "ze Žerotína", et la famille s'éteignit au profit des Lobko vers 1467.
Bon, alors pourquoi je vous raconte tout ça? Ben pour continuer sur l'église inachevée, pardi.
Le splendide mais mal-en-point portail se trouve entre 2 culées. L'embrasure est composée de 4 scoties, creusées en leur milieu en niches posées sur des consoles feuillues et surmontées de baldaquins en forme de torse d'ange en dessous desquelles (baldaquins) devaient reposer de saintes statuettes (dans les niches). L'arc du portail est décoré de 2 armoiries de la famille "ze Žerotína". Sur le torse du portail, de chaque côté de l'embrasure, se trouvent d'autres niches plus vastes et délabrées, fermées par une voûte octogonale et chapeautées à nouveau par des baldaquins de facture remarquable. Notez qu'aucun culot d'arrête n'est visible sur le torse, ce qui tendrait à prouver l'hypothèse d'un portail monumental à l'instar de la porte d'or de la cathédrale St Guy de Prague, oeuvre de "Petr Parléř". Bon, et j'en reste là de la description architecturale de l'édifice, de peur de fatiguer le lecteur. Je vous signale cependant, que malgré son état de ruine inachevée, ce bout d'église était considéré par l'académie des sciences et des arts de Bohême, comme un des plus splendides, des plus parfaits, des plus raffinés monuments de notre République, tant d'un point de vue artistique, que technique (cf. "František Brod, Království České: TÝNCI PANENSKÉM, [...] dle výroku české akademie, uměleckou hodnotou řadí se k nejdokonalejším památkám království Českého jak velikolepou monumentálností celku, tak vytříbeností a vkusem umělecké výzdoby a mistrným technickým provedením").
Divers
Allez, quelques anecdotes relatives à "Panenský Týnec".
Le 19 août 1813 séjournèrent et nuitèrent en "Panenský Týnec" l'empereur d'Autriche Francois 1er, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III, et le tsar de Russie Alexandre 1er, en prélude à la bataille de "Chlumec" (et avant que vous n'alliez propager des rumeurs, je vous informe qu'ils firent chambre à part, chacun dormit dans sa sienne). Ce même jour, vers 10:34, l'Empereur (Napoléon) mit les pieds sur le sol de Bohême, afin de vérifier personnellement les informations selon lesquels, les "coalisés" rassemblaient une importante armée sur le sol tchèque. Il dormit en "Jablonné v Podještědí" (dans un Bonaparte manchot, ouah trop fort le Strogoff). Et le 30 août, c'est donc la fessée de "Chlumec". L'histoire ne dit pas si les "3 têtes coalisées" s'étaient "énergisées" dans l'enceinte ésotérique de notre église inachevée afin de vaincre l'Empereur.
Ste Agnès de Bohême est décédée le 2 mars 1282, et fut entreposée dans la chapelle vierge Marie de son couvent (Ste Agnès).
Et "Rudolf Štech" (1/09/1858 - 2/01/1908), un natif de "Panenský Týnec", ça vous parle? Il fut le constructeur de la seconde plus grande synagogue d'Europe, à "Plzeň", mais aussi de tout plein d'autres édifices splendides, dont des brasseries.
Et maintenant mon passage préféré. Vous en trouverez le texte sur l'affichette à l'entrée du parc dans lequel se trouve notre église. Un expert en psychotronique (dont je tairai le nom) aurait mesuré (avec quoi?) une zone positive d'ampleur 8 (?!) à l'intérieur du choeur de l'église.
Pour conclure, pour une église qu'on ne sait pas qui l'a payée, qu'on ne sait pas qui l'a architecturée, qu'on ne sait pas à qui elle était censée être consacrée, qu'on ne sait même pas quand elle fut commencée, ni terminée d'être commencée, ben moi je dis qu'il y en a quand même velu de matière à écrire autour. Evidemment, je ne vais pas vous dire d'y aller comme ça, comme but ultime d'une visite. Cependant si vous passez dans le coin, sur la route, en direction de "Louny", "Postoloprty", "Žatec", "Kadaň", "Klášterec nad Ohří", toutes ces villes/villages qui méritent assurément une visite, ben jetez un oeil sur l'église inachevée de "Panenský Týnec". Et surtout tiendez-moi informé de l'énergie que vous aurez ressentie, si jamais, parce que sans dec, avec tout le foin qu'ils en font, j'aimerais au moins savoir si ça marche avec quelqu'un. C'est là: 50°17'45.819"N, 13°55'0.609"E