A la mi-temps du match entre Clermont et Biarritz, il n'est pas certain que les supporters Clermontois auraient tous parié sur la qualification de leur équipe pour les demi-finales du Top14.
Mené de 14 points, le champion en titre semblait en panne d'inspiration, étouffé par la défense très agressive des Biarrots, toujours à la limite du hors jeu. Au passage, on rappellera que la règle fixe une ligne de hors jeu sur les mêlées, ordonnées ou spontanées. Il suffit que le ballon en sorte pour que la ligne disparaisse...
Bref, une première mi-temps à mijoter sous la pression des rouge-et-blanc, et voilà nos Auvergnats dans une situation délicate. Bien que dominé en conquête (touche et mêlée), le BO a parfaitement su maîtriser les offensives Clermontoises. et même mettre la main sur le ballon. Et sur une action menée de main de maître par Arnaud Mignardi, conclue par Dimitri Yachvilli, puis par un contre de Julien Peyrelongue, les Biarriots ont corsé une addition suffisamment salée à la mi-temps (17-3) pour qu'on imagine la fin de parcours Auvergnate sinon comme une évidence, du moins comme une probabilité assez forte.
On ne sait pas quels mots ont été employés par Vern Cotter à la mi-temps, mais, visiblement, le coach de l'ASM a sû utiliser ceux qu'il fallait pour réveiller ses joueurs et les faire jouer comme il le fallait pour perturber la défense biarrote : pour l'essentiel, au ras, dans l'axe. Malgré la défense héroïque des hommes de Jean-Michel Gonzalez, Clermont a fini par user les corps et franchir les barbelés tendus par Imanol Harinodorquy et ses compagnons.
Sur une interminable séquense offensive, Clermont obtint la première de ses trois récompenses : profitant de l'inattention biarrote et jouant vite une pénalité, ce coquin de Brock James parvint à pointer dans l'en-but sans opposition. Puis vint ce qui fut sans doute le tournant du match. Sur une nouvelle attaque de Clermont, Marcello Bosch applatit dans son en-but, sous la pression adverse. Ou plutôt sembla applatir. Le ballon fusa vers la ligne de ballon mort et fut récupéré par Alexandre Lapandry, qui à son tour - de manière incontestable cette fois, pointa en terre promise.
Sur les images ralenties, on ne jurerait pas que le joueur du BO n'a pas applati. Il ne manquera sans doute pas de supporters, dans la chaleur des bars de l'avenue de Verdun, pour prétendre qu'à cette heure, l'arbitre video de la rencontre roule dans sa voiture dûment équipée de pneus Michelin tout neufs. Mais cette fois, le doute bénéficia à l'attaque.
Cet épisode mit un coup au moral du BO et décupla les forces Auvergnates qui prirent alors définitivement l'ascendant sur leur adversaire du soir. Le dernier essai de l'ASM fut l'oeuvre des trois-quarts, avec une conclusion sous les poteaux par Julien Malzieu, un des oubliés de la liste des mondialistes.
L'ASM a donc remporté de haute lutte le droit d'aller à Marseille pour disputer une demie face au Stade Toulousain. Si la formation Clermontoise parvient à mettre autant d'intensité pendant 80 minutes qu'elle en a mise ce soir pendant 40, le sort de la rencontre pourrait basculer en sa faveur.
Quant à Biarritz, il n'a pas à rougir de sa performance. Une victoire n'aurait pas été imméritée, mais la défaite n'est pas illogique. A trop subir en deuxième mi-temps, la formation basque a laissé son adversaire revenir petit à petit dans la rencontre. Une chose est sûre, le fait de jouer sur son terrain a donné à l'ASM un supplément d'âme qui a compté.
Un petit mot enfin, sur l'image touchante, apperçue quelques minutes avant le début de la rencontre, de Raphaël Lakafia en larmes après le discours d'avant-match de son capitaine dans l'intimité des vestiaire, une image qui nous rappela, s'il en était besoin, que le rugby n'est décidément pas un sport comme les autres.