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Mountain

Publié le 14 mai 2011 par Stephanenyc @500mots

Je viens de finir le livre que j’avais sélectionné pour mon ptit trip sur la côte ouest. Into Thin Air (Tragédie à L’Everest), de John Krakauer. J’adore John Kraukauer. Quel écrivain! Il a galéré des années avant que son talent soit enfin reconnu. Ou avant de trouver sa voix. Ça prend du temps d’apprendre à écrire des histoires. John Krakauer est aussi l’auteur de Into the Wild, le superbe récit de la fin tragique de Christopher McCandless.
Into Thin Air décrit une expédition vers le sommet de l’Everest. Une expédition qui tourne mal. Très mal. Le début traine un peu, comme dans la majorité des bonnes histoires, à mon avis. Mais le milieu arrive juste à temps. Et la fin est prenante. J’ai dû m’envoyer les 100 dernières pages en moins d’une heure.

J’ai écrit le début de mon prochain roman, et je connais déjà la fin. J’ai les 30’000 premiers mots, et les 25’000 dernier mots. La tête et les jambes. Il me manque le milieu.
Le cœur.
Cet organe sensé pomper de l’énergie dans le récit, sensé permettre aux personnages d’étendre leurs horizons, de s’épanouir, de s’engager dans leurs combats respectifs: justice, honneur, liberté. Amour.
Mon histoire est au bord d’un précipice. J’ai besoin d’un pont pour traverser. Ce pont, je doit le bâtir de mes propres mains. Il doit être parfait. Plaisant, solide, inspirant.
Je ne sais pas par où commencer. Je sais écrire, je peux produire, et pourtant, je suis incapable de bâtir ce pont. J’y pense du matin au soir. La nuit, j’en rêve.

Je stagne. Je suis comme un de ces conquérants de l’Everest, saisi par la fièvre du sommet, mais trop épuisé pour faire un pas de plus, exposé aux éléments, au manque d’oxygène. A ma propre mortalité. Au sommet de l’Everest, on meurt rarement d’une mort violente. On s’assied et on attend. Dans Into Thin Air, une femme meurt à moins de 200 mètres du camp. Elle s’assied. Elle attend. Le guide essaye bien de la tirer, de la trainer. Mais  en vain. Elle s’assied. Elle s’éteint.

Je suis assis au bord de mon précipice, à 8’000 mètres d’altitude. J’attends. Le mois passé, j’ai même considéré m’inscrire dans un de ces ‘créative workshops’ offerts par Gotham Writers. Ils ont plein de cours, pleins d’options. Pleins de guides pour un écrivain perdu dans la haute montagne de la production littéraire. Je suis assis. J’attends. J’attends qu’on me prenne par la main, qu’on me tire hors de la death zone, ce passage létale au-dessus de 7’500 mètres d’altitude.

J’ai finalement décidé de ne PAS m’inscrire à ces cours. Si je veux gravir mon Everest, je me dois d’accomplir mon but par mes propres moyens. En solo. Sans oxygène.

Vivre dans le présent. Ne pas me retourner. Ne pas me projeter dans l’avenir. Être. Me lever. Marcher. Avancer. Pas après pas.

Bâtir.

Bâtir un pont entre le début et la fin. Entre hier et demain. Un passage spacio-temporel entre la réalité et ma fiction.


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