De l’importance du suivi en médiation

Publié le 07 février 2008 par Dominique Foucart

Dans son blog Conflict Management Practice Notes, John Ford souligne un aspect de la médiation que j’ai de plus en plus tendance à considérer moi-même comme particulièrement important: le suivi de la médiation.

Lors de mes premières médiations, il m’arrivait souvent de recontacter mes clients après une médiation pour savoir si la procédure envisagée se déroulait normalement. Par la suite, j’ai commencé à prendre l’habitude d’effectuer ce suivi de manière beaucoup plus systématique. Mais la proposition que fait John Ford dans son article est structurée et particulièrement intéressante. J’essaie de la résumer ci-après.

Pourquoi effectuer un suivi ?

Parce que cela montre l’intérêt que l’on porte aux parties. Vous partagez leur désir de réussir. Cela montre également du réalisme en reconnaissant qu’entre la décision de changer et la réalisation du changement, il peut y avoir de la marge. Cela permet aussi d’effectuer des ajustements aux accords, rendus évidents par la confrontation avec la réalité. La mise en place d’un suivi relève en fait d’une démarche qualitative, destinée à améliorer les accords réalisés.

Comment effectuer le suivi?

Il ne faut pas trop attendre pour effectuer le suivi. John Ford suggère un mois et demi après un accord qui comporte une dimension de changement comportemental. Dans certains cas, le suivi pourra se faire par un simple appel téléphonique avec chacune des parties, mais parfois il sera utile de convenir dès le départ d’une réunion de suivi.

La rencontre de suivi n’est pas particulièrement différente d’une autre rencontre de médiation: écoute des émotions, reformulation de la frustration en besoin d’attention, de la déception en besoin d’engagement, de l’anxiété en besoin de courage.

Cette partie de la médiation doit également rester confidentielle, et il est bon de le rappeler lorsque l’on aborde les questions relatives à l’exécution des accords:  qu’est-ce qui fonctionne bien dans les accords, qu’est-ce que chacun a fait différemment de ce qui était prévu, quels aspects des accords génèrent de la frustration, de la déception, de l’anxiété…

John Ford renvoie également ses clients vers des situations spécifiques de réalisation difficile des accords et les utilise pour adapter ceux-ci. Il fait même éventuellement “rejouer” ces situations pour simuler leur possible solution.

Conclusion

John Ford inclut maintenant la mise ne place d’une rencontre de suivi dans sa proposition de médiation. Il serait ainsi par exemple possible de la prévoir dès le départ dans le protocole de médiation.

En fait, il s’agit là pour le médiateur de mener à terme son rôle de “coach de la relation” entre les parties, en s’assurant qu’ils jouent bien le match jusqu’au bout, et en respectant les règles qu’ils ont eux-mêmes établi.