Le premier qui pleure a perdu – Sherman Alexie

Par Theoma

« Dis p'pa, les indiens rendent grâce pour quoi, au juste ?

On devrait leur rendre grâce de ne pas nous avoir tué jusqu'au dernier.

On a rigolé comme des bossus. »

Junior n'a pas de bol. Il cumule les mandats : moche, indien spokane vivant dans une réserve, bègue, pauvre, maigre aux grands pieds. Junior sait que la chance, ça se construit aussi.

Lorsqu'un auteur fait de son narrateur un gamin de treize ans, ça passe ou ça casse. A mon sens, la deuxième option est la plus courante. L'enfant est souvent d'une maturité daïla lamesque qui lui fait perdre toute crédibilité. Sherman Alexie a réussit haut la main le pari de raconter l'histoire (presque la sienne) de Junior avec intelligence et drôlerie.

Le premier qui pleure a perdu est un roman à mettre entre toutes les mains. Parfois brutal comme la vie peut l'être, résolument optimiste et résilient Le mariage avec les illustrations de Ellen Forney est d'une grande vivacité. Déroutant et inspirant.

Albin Michel, 288 pages, 2008

National Book Award 2007

ça s'appelle une leçon de vie...

« Avant, je croyais que le monde se divisait en tribus. En noir et blanc, en indien et blanc. Mais je sais à présent que ce n'est pas vrai. Le monde n'est divisé qu'en deux tribus : ceux qui sont des enfoirés et ceux qui n'en sont pas. »

« - Arnold ?

- Quoi ?

- Je peux te poser une grosse question ?

- Ouais, sans doute.

- Tu es pauvre ?

Je ne pouvais plus lui mentir.

- Oui, je suis pauvre.

Je pensais qu'elle allait sortir de ma vie sur-le-champ. Mais non. Au lieu de cela, elle m'a embrassé. Sur la joue. Je pense qu'on n'embrasse pas les pauvres sur les lèvres. J'ai failli lui crier dessus pour lui reprocher d'être superficielle. Mais là, je me suis rendue compte qu'elle se comportait en amie. Une vraiment bonne amie en fait. Elle se souciait de moi. Je pensais à ses seins, et elle, elle pensait à toute ma vie. C'est moi qui était superficiel. »

« J'ai quatorze ans et je suis allé à quarante-deux enterrements.

Ça, c'est vraiment la plus grande différence entre les Indiens et les Blancs. [...]

Et mes amis blancs peuvent compter leurs morts sur les doigts d'une main.

Moi je pourrais compter mes doigts, mes orteils, mes bras, mes jambes, mes yeux, mes oreilles, mon nez, mon pénis, mes fesses et mes tétons, je serais encore loin de mes morts. »

« chagrin n.m.

Quand on se sent tellement bête et impuissant qu'on a l'impression que rien ne s'arrangera plus jamais, et que les macaronis au fromage ont un goût de sciure de bois, et qu'on n'arrive même plus à se faire une branlette parce que ça n'en vaut même plus la peine. »

Deux autres lectures sur le thème...

Mille femmes blanches de Jim Fergus

L'hiver indien de Frédéric Roux

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Par Theoma - Publié dans : Jeunesse - Communauté : Les lectures de Florinette
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