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DREAM-POP Les Wild Beasts reviennent avec un troisième album: SMOTHER. Cet album est sans doute un chef d’oeuvre, “a piece of fine art”. Ils ont atteint, grâce a cet opus, des sommets comparables à ceux qu’auraient gravi Beach House l’an dernier. Au paroxysme de leur talent, et de la dream-pop.
A l’écoute de SMOTHER, c’est un monde qui
Mais place à la critique, titre par titre.
“Lion’s Share” s’ouvre avec cette ambiguité musicale que l’on connaît chez les Wild Beasts, ce mélange délicat entre classicisme le plus pur et rythmes électroniques. La voix atypique d’Hayden Thorpe offre une entrée en matière parfaite avant d’enchaîner sur une pop 80’s plus vigoureuse avec “Bed of Nails”. Un grand titre assurément. L’écoute de l’album se poursuit comme un voyage, un rêve dont Hayden Thorpe tiendrait les rênes. Le maître du navire, c’est lui. Et il donnerait l’impression de tanguer sur les eaux agitées du Royaume-Uni. Au point de faire chavirer les coeurs les moins sensibles.
Arrive “Deeper”. Les eaux reprennent un calme apparent. Les subtilités s’ajoutent de facon progressive. Et le morceau prend chair, se dévoile, à son rythme.
Intemporalité à toute épreuve
Lorsqu’on les comparait à Anthony, Tom Fleming s’enthousiasmait à son égard: "Anthony est clairement une influence forte. Ce que j'aime vraiment chez lui, à part sa capacité à sonner comme lui-même à chaque fois, c'est qu'il ne rentre dans aucune catégorie. Ce n'est pas de la pop au sens pur, pas easy-listening". On ajouterait aux Wild Beasts, en plus de leur retourner ce compliment, une qualité sous-estimée: celle de posséder une intemporalité à toute épreuve. Celle de n’appartenir à aucune époque.
“Loop The Loop” nous invite a poursuivre le voyage et on peut là véritablement parler de merveille, d’un morceau à la beauté exaltante. Et qui requiert un certain art du domptage. C'est que, il ne s'offre que lentement, en douceur, et se révèle enfin à partir de 2’15. Alors que les eaux changent de courant. “Loop the Loop” est l’un de ces titres surprenants, inattendus. Peut-être cet alliage stupéfiant entre modernité et passé. Cette capacité a surprendre l’auditeur et a l’entraîner dans ses imaginations les plus fantasques.
Ambiance sale, charnelle
“Plaything” procure ensuite une pause emplie de sensualité. Néanmoins, le charme s’évapore un peu. On lui souhaiterait plus de coeur, malgré un certain plaisir à l'écoute de son ambiance sale, charnelle, presque perverse. Avec une fin en apothéose et ses voix d’outre-tombe.
Puis, “Invisible” où la voix d’Hayden Thorpe se métamorphose encore et regagne en naturel. Des vocalises impressionnantes. Mais il est vite effacé par “Albatross”, le single évident. D’un calme incertain, dissimulant la tempête. Un voyage dans l’éternel dont on ne sort que transformé. Changement d'ambiance encore avec “Reach a bit further”, qui transpire lui la sexualité, et la schizophrénie mélodique. La fin approche avec Burning et puis vient véritablement avec “End come too soon”, qui porte si bien son nom. Le réveil se fait en douceur, comparable à la sortie d’un étrange état hypnotique.
C'est ainsi que SMOTHER s'achève, avant que son écoute ne reprenne. Car il prend du temps à être maîtrisé. D'où peut-être un plaisir encore plus grand à se l'approprier. En douceur. Ce mysticisme, cette élégance en fait l'un des cadeaux les plus exquis que nous ont offert les côtes anglaises. Et ces quatre garçons venus de Kendal, prouvent leur statut d'outsiders de l'industrie musicale…et celui de génies modernes.