Dans un rapport publié sur son site Terra Nova affirme que : La sociale démocratie ne pourrait gagner en 2012 qu'en faisant l'impasse sur le vote des classes populaires et en misant sur celui d'autre catégories plus porteuses !
Or, au moment où les appels à l'union à gauche se multiplient, essayant de regrouper sous une même bannière, toutes les composantes de celle-ci. Le débat que viennent de lancer Bruno Jeanbart et Olivier Ferrand ressemble bien à un mauvais coup porté à leur camp.
Et, bien qu'Olivier Ferrand essaye de se défendre dans un billet, parfaitement contradictoire avec le rapport et portant le titre de : Qui défend les classes populaires publié aujourd'hui, le mal est fait !
Outre ce qu'expliquait mon camarade Variae sur son blog hier : « (...) Le groupe de travail Terra Nova, confondant cause et conséquence, inspecte les facteurs déterminant le vote de gauche aux dernières élections, et en tire, au petit bonheur la chance, un inventaire à la Prévert de catégories mélangeant genre (les femmes), origine (les immigrés), âge (les jeunes), diplôme (les diplômés du supérieur) et situation professionnelle (les CSP+) (...) »
Terra Nova écrit que : « Partout en Europe, la social-démocratie est en crise. Elle ne gouverne plus que dans 6 pays sur 27 (...) Le modèle de société porté par la social-démocratie – l’économie sociale de marché, autour de la construction de l’Etat-providence – n’est plus compatible en l’état avec le nouveau monde globalisé. Il doit être refondé (...) »
Mais, vous êtes vous posé messieurs les beaux esprits de Terra Nova la question de vraiment savoir pourquoi la sociale démocratie ne fait plus recette en Europe ?
Peut être d'avoir finit, dans beaucoup de cas, à tellement ressembler à la droite que leurs électeurs ont préféré voter pour les écologistes, des formations plus à gauche ou tout simplement se réfugier dans l'abstention !
Ou peut être d'avoir oublié ses valeurs en cours de route comme l'écrivait Philippe Marlière sur D&S : « (...) Avant son recentrage des années 80, la social-démocratie s’était définie à travers son action contre les injustices sociales (économiques et culturelles). A ce titre, elle a toujours été perçue par le public comme une force de gauche. Après vingt années de « modération » économique, de cogestion néolibérale et d’alliances avec la droite sur le plan national et européen, la nature de gauche des partis sociaux-démocrates est incertaine. En tout cas, elle n’apparaît plus comme allant de soi pour un nombre croissant d’électeurs. L’Europe sociale, revendiquée par les sociaux-démocrates, n’a connu aucune avancée majeure, car elle est rejetée par une majorité des partis issus du Parti des socialistes européens (...) »
En France, la sociale démocratie n'a pas perdu ses électeurs des classes populaires parce : « (...) Les classes populaires (ouvriers et employés) ont (...) des valeurs culturelles conservatrices (ordre et sécurité, refus de l’immigration et de l’islam, rejet de l’Europe, défense des traditions…) » Mais bien parce qu'elle a délaissé le champ social, le laissant aux seuls partenaires sociaux avec le déséquilibre que l'on connaît entre la puissance des organisations d'employeurs et les syndicats de salariés.
La mondialisation acceptée, telle quelle, par la droite et une partie des sociaux démocrates a touché en premier ces mêmes ouvriers et employés qui ont du, soit accepter de baisser leurs salaires (travailler plus pour le même tarif) ou simplement voir fermer leurs usines !
Ce qui serait, selon Terra Nova, une chance pour les sociaux démocrate puisque: « (...) il est possible d’identifier au sein des classes populaires des sous-catégories plus aisées à raccrocher à la gauche. Il y a d’abord les précaires, les chômeurs, les exclus : ceux-là votent à 70% à gauche (...) » Quant aux autres, pas de temps à perdre puisque :« le problème de la gauche se situe avec les classes populaires au travail, qui sont en CDI mais qui ont peur du déclassement (...) »
Mais direz-vous, quid des réactions à gauche et notamment au PS sur cette vision bien particulière de faire de la politique ?
Arnaud Montebourg a écrit sur son blog : « (...) Mon analyse diffère radicalement de celle de la note de Terra Nova (...) Même si les catégories populaires s’abstiennent massivement aux élections régionales, cantonales ou européennes, je n’oublie pas que le taux de participation a été massif en 2007 parmi elles comme dans l’ensemble du pays. Je n’oublie pas que leur vote est déterminé par la capacité ou non de la gauche à répondre aux causes et conséquences de la mondialisation. La clé de la victoire pour la gauche, dans l’avenir proche comme sur le long terme, c’est le lien qu’elle doit renouer avec ces classes populaires (...) »
Pierre Moscovici a également, sur RFI, rejeté les arguments de Terra Nova !
Et enfin, Solférino 2012 qui est un groupe de plus de 50 députés socialistes qui veut conforter l'action de Martine Aubry à la tête du Parti socialiste a écrit : « (...) Ce choix, défendu dans certains milieux bien pensants et ripoliné en modernisme, serait mortifère pour la Gauche. D'abord parce que ce qui a toujours été au coeur de la Gauche et qui l'a réunie est la volonté d'améliorer d'un même mouvement les conditions de vie quotidiennes des classes moyennes et populaires. Toutes les victoires de la Gauche se sont bâties sur ce principe, et notamment celle du 10 mai 1981 (...) »
Et oui, monsieur Ferrand, il ne suffit pas aujourd'hui de publier une sorte de rectificatif qui permettrait de décrypter ce que vous avez publié la veille. C'est hier qu'il fallait le faire figurer avec votre « essai » !
Reste maintenant à savoir si certains candidats à la primaire socialiste sont en mesure d'approuver le raisonnement de Terra Nova. Si c'est le cas, qu'il se fassent connaître rapidement, afin que les votants à cette primaire, les éliminent rapidement et sans remord !
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Terra Nova